Pneumologie
Pneumonie : une antibiothérapie toujours plus courte
La durée du traitement antibiotique des pneumonies tel qu’il est pratiqué actuellement est sans doute trop longue. Une étude espagnole réalisée en vraie vie montre un taux de succès identique avec une antibiothérapie courte.
- ©123RF-Nonwarit Pruetisirirot
La durée optimale du traitement antibiotique des pneumonies aiguës communautaires n’est pas définie avec précision. Une étude publiée dans le Jama apporte des éléments en faveur d’une antibiothérapie plus courte. Elle a été réalisée dans quatre centres hospitaliers universitaires espagnoles. Cette étude randomisée de non infériorité a été conduite chez 312 patients souffrant d’une pneumonie aiguë communautaire sur une période de 19 mois.
La randomisation en deux bras est intervenue 5 jours après l’admission à l’hôpital. Dans le bras interventionnel, l’antibiothérapie a été arrêtée à J5 si le patient était apyrétique depuis 48 heures et qu’il n’avait plus de signe d’instabilité clinique, alors que dans le bras contrôle, la durée de l’antibiothérapie était déterminée par le clinicien en charge du patient.
Antibiotique pendant 5 jours
Le critère d’évaluation principal était le taux de succès clinique à J10 et J30 depuis l’admission ainsi que les symptômes liés à la pneumonie mesurés par un questionnaire. Il faut noter que les patients inclus dans l’étude étaient atteints d’une pneumonie assez peu grave, les malades immunodéprimés étaient exclus, ainsi que ceux admis en réanimation et institutionnalisés.
Les résultats de l’étude ne montrent pas de différence significative sur le taux de succès clinique dans les deux bras : 48,6 % dans le groupe contrôle vs 56,3 % dans le groupe intervention à J10 (p = 0,18), et 88,6 % vs 91,9 % à J30 (p = 0,33).
En ce qui concerne les critères d’évaluation secondaires, la seule différence est observée sur la durée de l’antibiothérapie. Dans le bras contrôle, seuls 3 % des patients n’ont reçu que 5 jours d’antibiothérapie alors que dans le bras interventionnel, 70 % des malades ont vu leur traitement arrêté à J5. La durée médiane d’antibiothérapie a été de 10 jours dans le groupe contrôle et de 5 jours dans le groupe interventionnel. Pour tous les autres critères, complications de la pneumonie, mortalité et durée d’hospitalisation, il n’a pas été constaté de différence significative.
Quinolone ou bêtalactamine
Il est cependant très difficile d’extrapoler les résultats de cette étude à la pratique française. En effet, les médecins espagnols suivent les recommandations américaines IDSA/ATS qui préconisent l’utilisation des quinolones en première intention. Plus de 80 % des patients de l’étude ont donc reçu une quinolone et moins de 10 % une bêtalactamine, alors que les équipes françaises donnent les bêtalactamines en première intention et réservent les quinolones pour les malades avec des tableaux cliniques particuliers.
Les résultats d’une étude française sur la même problématique sont attendus. Ils pourraient confirmer que la durée du traitement antibiotique des pneumonies aiguës communautaires tel qu’il est pratiqué actuellement est probablement trop longue.
D’après un entretien avec le Pr Anne Bergeron-Lafaurie, pneumologue, Hôpital Saint-Louis, Paris












