Rhumatologie

Arthrose de cheville : échec des injections de plasma enrichi en plaquettes

Les injections de plasma enrichi en plaquettes (PRP) sont utilisées dans beaucoup de pathologies musculo-squelettiques où les traitements manquent. Une nouvelle étude de bonne qualité ne valide pas leur intérêt dans l’arthrose de cheville.

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  • 27 Octobre 2021
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    Les injections de plasma enrichi en plaquettes (PRP) sont un peu mises à toutes les sauces dans les affections musculo-squelettiques orphelines, sans beaucoup de preuve de leur efficacité le plus souvent.

    Une nouvelle étude randomisée multicentrique vient démontrer leur inefficacité dans les arthroses de chevilles (tibio-talaires), une atteinte articulaire qui concernerait un peu plus de 3% des adultes et où les traitements non-chirurgicaux manquent cruellement. L’étude est publié dans le JAMA.

    Un essai randomisé multicentrique

    Dans cet essai clinique randomisé, multicentrique et en double-aveugle sur 26 semaines, réalisé dans 6 centres aux Pays-Bas, le traitement par 2 injections intra-articulaires de plasma enrichi en plaquettes (PRP) entraîne une modification moyenne de 10 contre 11 points (par rapport à des injections placebo de sérum physiologique) du score de l'American Orthopaedic Foot and Ankle Society (plage de 0 à 100 ; des scores plus élevés indiquant une diminution de la douleur et une meilleure fonction) ; la différence entre les groupes n’est pas statistiquement significative.

    Les 100 patients inclus avaient une douleur de cheville supérieure à 40 sur une échelle visuelle analogique (de 0 à 100) et un pincement de l’interligne articulaire tibio-talaire. Un événement indésirable grave a été rapporté dans le groupe placebo, non lié à l'intervention. Il y a eu 13 autres événements indésirables dans le groupe PRP et 8 dans le groupe placebo.

    Des études disparates

    Les injections de plasma enrichi en plaquettes (PRP) sont élaborées à partir de sang autologue, prélevé chez le malade, plasma qui est ensuite centrifugé afin de recueillir les plaquettes censées favoriser la régénération des tissus grâce à la libération de facteurs de croissance contenus dans les granules alpha des plaquettes. Ces facteurs de croissance seraient à même de moduler l’environnement tissulaire où ils sont injectés grâce à des propriétés anti-inflammatoires, antalgiques et régénératives.

    Les techniques de préparation de plasma enrichi en plaquettes (PRP) peuvent varier du fait de leur dose, du moment d’injection et du nombre d'injections ou de par leur composition en plaquettes et en leucocytes. Cependant, le produit administré dans cet essai a été utilisé comme dans plusieurs autres essais sur l'arthrose du genou et la concentration du plasma riche en plaquettes est comparable à celle utilisée dans ces essais antérieurs.

    Doute persistant sur l’intérêt de ces injections

    La probabilité d'un bénéfice cliniquement pertinent est faible dans cette étude, car la différence minimale cliniquement importante est en dehors de l'IC à 95% du critère primaire de cette étude (score de l'American Orthopaedic Foot and Ankle Society).

    Il faut remarquer que les études précédentes d’injections de plasma enrichi en plaquettes dans les arthroses de cheville sont de petite taille, avec nombreux biais ou rétrospectives. Il en est de même dans les gonarthroses où la majorité des études est grevée de nombreux biais. Certaines études versus placebo semblent montrer un résultat positif.

    En pratique, le principal avantage des injections de plasma enrichi en plaquettes semble de proposer quelque chose à des malades en mal de traitement, mais ce sont plutôt les preuves d’inefficacité qui s’accumulent que l’inverse.

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