Onco-dermatologie
Mélanomes stade II B/C : l’immunothérapie adjuvante réduit le risque de récidive
Jusqu’alors exclus des essais d’immunothérapie adjuvante, les patients opérés pour un mélanome de stade II B/ C bénéficient aussi d’une immunothérapie, qui permet de prolonger la survie sans récidive.
- mélano/istock
Une immunothérapie adjuvante est aujourd’hui proposée aux patients ayant une atteinte ganglionnaire (stade III), historiquement considérée à haut risque de récidive, excluant de ce fait les tumeurs de stade II B/C qui exposent pourtant à un risque comparable de récidive et de décès.
Baisse de plus de 40% du risque de métastases
Une stratégie qui pourrait prochainement évoluer à la lumière des résultats de l’essai Keynote 716, présentés lors du récent congrès de la Société européenne d’oncologie clinique (ESMO). En effet, comparativement au placebo, le risque de récidive a été réduit de 35 % lorsque la résection chirurgicale avait été suivie d’un traitement par le pembrolizumab.
Après 14,4 mois de suivi médian, 11,1% des patients traités par le pembrolizumab ont présenté une récidive, versus 16,8 % de ceux ayant reçu un placebo (HR 0,65, IC à 95% 0,46-0,92 ; p=0,00658). Le risque de métastases a été réduit de près de moitié (23 cas vs 38).
Cet essai a inclus 976 patients âgés de plus de 12 ans, après résection complète d’un mélanome de stade II B (64%) ou II C (34,8%), et biopsie du ganglion sentinelle négative.
Mauvais pronostic des tumeurs épaisses et ulcérées
Des résultats qui, pour le Dr Jason Luke, l’un des auteurs de l’étude, confirment le caractère péjoratif de l’épaisseur de la lésion et de la présence d’ulcérations, qui devront à l’avenir être mieux pris en compte dans l’évaluation du pronostic.
In fine, les patients ayant un mélanome de stade II B/C récidivent rapidement, y compris à distance, comme dans le cas des tumeurs de stade III.
Un rapport bénéfice/risque favorable
Des effets secondaires de grade 3 et plus ont été rapportés chez 25,9% des patients sous pembrolizumab vs 17,1% de ceux sous placebo. Des troubles thyroïdiens ont concerné 36,2% des patients sous immunothérapie vs 8,4% de ceux sous placebo. Au total, le taux d’interruption de traitement pour un problème de tolérance a été de 15,3% vs 2,5%.
Le rapport bénéfice/risque du traitement apparait ainsi globalement favorable, ouvrant la porte à une utilisation de l’immunothérapie à ces stades plus précoces, selon des schémas qui restent à préciser (plus courts ?). Parallèlement, il est important de définir aussi des critères d’indication à l’immunothérapie dans ces mélanomes de stade II B/C, qui touchent une population aussi vaste que l’ensemble des stades III, et qui pour bon nombre d’entre eux ne récidiveront pas.
Cette étude a donc apporté une réponse positive à une question, mais en soulève de nombreuses autres.











