Infectiologie

Pandémie : la vaccination, la distanciation et les médecins pour en venir à bout

L’efficacité de la vaccination contre les hospitalisations et les décès se confirme malgré le variant Delta, mais la poursuite de la vaccination et les mesures de protection restent de mise. En témoigne l’évolution comparée des différents pays avancés.

  • 13 Septembre 2021
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    C’est une divine surprise de voir les Centers for Diseases Control and Prevention américains (CDC) publier à nouveaux des études contributives à la compréhension de la pandémie. Après les « Fake News » de l’ère Trump, ce n’est pas une libération, c’est une renaissance !

    Trois études, dont les données proviennent de différentes régions des États-Unis, confirment le pouvoir protecteur des vaccins. Elles soulignent l'efficacité des vaccins pour prévenir les infections, les hospitalisations et les décès, même lorsque le variant Delta, hautement contagieux, devient dominant. Ces études sont, par ailleurs, cohérentes à une série de résultats similaires obtenus ces dernières semaines.

    La vaccination contre les hospitalisations

    L'une de ces 3 études a examiné plus de 600 000 cas d’infections dans 13 États américains, représentant environ un quart de la population des Etats-Unis, entre avril et juillet. Elle conclut que les personnes qui ne sont pas complètement vaccinées sont beaucoup plus à risque d'être infectées par le virus et d'en mourir.

    Dans cette très large étude, elles sont en effet, 4,5 fois plus susceptibles d'être infectées, 10 fois plus susceptibles d'être hospitalisées et 11 fois plus susceptibles de mourir du coronavirus que les personnes vaccinées.

    Baisse de protection avec l’âge

    La protection vaccinale contre les hospitalisations et le décès reste donc forte même lorsque les variant Delta devient dominant. Mais l'efficacité des vaccins baisse de 91% à 78% vis-à-vis de la prévention des infections.

    Parallèlement, deux autres études semblent confirmer une diminution de la protection offerte par les vaccins chez les personnes les plus âgées. L'une a été menée dans cinq centres médicaux traitant des vétérans et montre que la protection contre les hospitalisations semble diminuer avec l'âge, passant de 95% pour les adultes âgés de 18 à 64 ans à 80% pour les personnes âgées de 66 ans et plus. Une autre étude semble confirmer que l'efficacité du vaccin diminuerait à partir de 75 ans.

    Maintien des mesures de protection

    L'analyse comparée des pays européens apporte également des arguments pour penser que le maintien des mesures de protection reste intéressant au cours de cette 4ème vague, et probablement pour l'automne et l'hiver prochains. Des périodes propices à l'expansion de la pandémie en Europe en 2020-2021.

    Grâce au Pass-sanitaire, la France est passée dans le peloton de tête de la vaccination. Si, globalement, elle n'est pas encore au niveau du Danemark, elle est juste derrière l'Espagne et devant l'Italie avec un taux de premières injections supérieur à 73% et un taux de vaccination complète à plus de 69%.

    Dans ces 3 pays, où la protection est maintenue, l'épidémie régresse alors qu'elle croît encore en Allemagne et en Grande-Bretagne qui sont désormais un peu en retard sur la vaccination. Mais l'Allemagne évolue mieux que l'Angleterre à taux de vaccination comparable, peut-être à cause du meilleur respect des mesures de distanciation.

    Individualiser l’incitation à la vaccination

    Il fallait donc bien mettre en place le Pass-sanitaire en France pour inciter les irréductibles gaulois à se vacciner : cela marche. Il faut toujours boucher les « trous de notre raquette » vaccinale en intensifiant les efforts sur les personnes âgées isolées et les personnes des départements d’Outre-mer, qui je l’espère auront été convaincues par la catastrophique 4ème vague qu’elles viennent de vivre.

    Mais les non-vaccinés ne sont pas un ensemble uniforme. On trouve parmi eux des personnes qui étaient opposées aux vaccins avant même la pandémie, d’autres qui consultent uniquement de fausses informations « antisystème » sur Internet, prétendant à tort que les vaccins provoquent couramment des effets secondaires dangereux ou des infertilités.

    Certains ont des objections religieuses ou pensent que les vaccins ont été mis au point trop rapidement, alors qu'ils sont l'aboutissement de décennies de recherche. D'autres encore, ont déjà eu le Covid et pensent qu'ils ont une immunité qui rend le vaccin inutile, bien que l'immunité naturelle soit moins puissante pour prévenir une réinfection. Il y a aussi des personnes qui ont tout simplement peur des aiguilles.

    Une mission de santé publique

    Personne ne peut actuellement prédire ce qui va se passer dans les 6 mois avec ce virus mais les signaux liés à la vaccination sont plutôt très bons. Il n’est pas sûr que l’on doive vacciner les enfants de moins de 12 ans, plutôt moins contagieux et certainement moins à risque de complications graves. En tout cas, il me semble déraisonnable de le faire avant d’avoir vacciné tous les adultes.

    Il va falloir tous s’y mettre et les médecins vont devoir parler avec chaque récalcitrant, un par un, pour répondre avec bienveillance à ses craintes. C’est une mission de service public.

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