Médecine générale
Vaccin HPV : pas de lien avéré avec le syndrome de fatigue chronique
L’analyse d’un registre danois ne retrouve aucun lien de causalité entre la survenue de plusieurs syndromes liées à une dysfonction du système nerveux autonome, comme le syndrome de fatigue chronique, et la vaccination contre le papillomavirus.
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En France, la polémique sur la vaccination HPV a surtout porté sur un lien supposé avec des maladies auto-immunes, en particulier la sclérose en plaques. Dans d’autre pays, comme le Danemark, le Japon ou l’Irlande, c’est un lien supposé avec des pathologies liées à une dysfonction du système nerveux autonome qui a fait l’objet de controverses.
Ces controverses ont abouti comme en France à une baisse drastique de la couverture vaccinale. Et ce malgré la position de l’Agence européenne du médicament qui, en 2015, avait conclu à l’absence de lien de causalité entre la vaccination HPV et ces pathologies.
Une étude cas-témoins
C’est également la conclusion d’une étude cas-témoins danoise, dont les résultats sont publiés dans le BMJ. Ce travail ne retrouve pas d’association entre la vaccination HPV et le syndrome de fatigue chronique (SFC), le syndrome de tachycardie posturale orthostatique (STOP) et le syndrome douloureux régional complexe (SDRC).
En se basant sur les informations colligées dans les très beaux registres dont les danois ont le secret, les auteurs ont analysé les données de quelques 1 375 000 femmes qui étaient âgées de 10 à 44 ans au cours de la période 2007-2016 et pour lesquelles le statut vaccinal pour le papillomavirus était connu.
Près de 530 000 femmes vaccinées
Parmi elles, près de 530 000 avaient reçu au moins une dose du vaccin quadrivalent, à un âge moyen de 12,6 ans pour celles âgées de 10 à 17 ans, et de 24,3 ans pour celles âgés de 18 à 44 ans. Au total, un SFC, un SDRC ou un STOP a été rapporté chez 869 participantes, soit un taux d’incidence de 8,21/100 000 femmes-années.
Au cours de l’année qui a suivi la vaccination, aucune augmentation significative n’a été retrouvée entre cette vaccination et la survenue d’un de ces syndromes (OR 0,99, IC 95% 0,74-1,32), ni avec chacune d’entre elles, prises individuellement, qu’il s’agisse du CFC (0,38, 0,13-1,09), du SDRC (1,31, 0,91-1,90) ou du STOP (0,86, 0,48-1,54).
Association temporelle ne veut pas dire causale
Les auteurs rappellent que lors de l’introduction d’une vaccination de masse, la survenue de pathologies, notamment si elles concernent habituellement la tranche d’âge vaccinée, peut être le fruit du hasard.
Dans le cas présent, il n’est pas étonnant d’observer une relation temporelle entre la vaccination et les troubles dysautonomiques, qui touchent de façon plus particulièrement des adolescentes et des femmes jeunes. Les auteurs n’excluent toutefois pas formellement la possibilité d’une augmentation du risque, mais qui, compte tenu de la puissance statistique de l’étude, serait modeste.











