Cardiologie
Insuffisance coronaire chronique : intérêt de la colchicine à faible dose
Un an après la démonstration de ses bénéfices en prévention secondaire dans les suites d’un syndrome coronaire aigu, la colchicine à faible dose fait également la preuve de son intérêt dans l’insuffisance coronaire chronique et valide l’approche anti-inflammatoire.
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Avec une baisse de près d’un tiers du risque combiné de décès cardiovasculaires, d’infarctus du myocarde, d’accidents vasculaires cérébraux ischémiques et de revascularisations guidée par une ischémie, la colchicine fait la preuve de son efficacité versus placebo dans l’insuffisance coronaire chronique. Ce sont les résultats de l’étude LoDoCo2, qui ont été présentés lors du congrès digital de la Société européenne de cardiologie et publiés parallèlement dans le NEJM.
Cette vaste étude prospective, qui a randomisé 5522 patients coronariens stables pour recevoir, en plus du traitement conventionnel habituel, de la colchicine à la posologie de 0,5 mg/jour ou un placebo, avait été mise en place suite aux résultats encourageants d’une étude pilote, LoDoCo, menée sur 530 patients avec insuffisance coronaire aiguë.
Stables depuis au moins 6 mois
Dans LoDoCo2, les patients coronariens devaient être stables depuis plus de 6 mois pour être randomisés entre recevoir de la colchicine 0,5 mg/jour ou un placebo. Au terme du suivi médian de 29 mois, les auteurs rapportent une réduction significative de 31% du critère primaire composite (OR 0,69, IC 95 % 0,57-0,83, p<0,001).
Cette réduction du risque d’événements cardiovasculaires s’observe dans tous les sous-groupes de patients, qui avaient été pré-spécifiés. Ainsi, l’effet est consistant quels que soient le sexe, l’âge, la fonction rénale, les antécédents de revascularisation ou de syndrome coronaire aigu, le statut tabagique, la présence ou non d’une hypertension artérielle ou d’un diabète ou encore la dose de statine utilisée.
Mauvaise tolérance chez 11% des patients
L’analyse des effets indésirables ne retrouve pas de différence avec le placebo en termes de diagnostic de nouveau cancer, d’hospitalisation pour infection, pneumonie ou problèmes gastro-intestinaux, de neutropénie ou de myotoxicité.
Mais les auteurs rapportent un risque accru de décès non-cardiovasculaires chez les patients ayant reçu la colchicine (OR 1,51 ; IC 95% 0,99-2,31), sans explication évidente. Les taux d’interruption de traitement ont été similaires dans les deux groupes, toutefois, 11% des patients ont présenté une intolérance à la colchicine, principalement des effets secondaires gastro-intestinaux.
Après COLCOT
Ces résultats globalement positifs s’ajoutent à ceux de l’essai COLCOT, présentés en novembre dernier lors du congrès de l’American Heart Association, qui avait fait la preuve des bénéfices de cette approche thérapeutique anti-inflammatoire en prévention secondaire chez des patients ayant fait un syndrome coronaire aigu dans les 30 jours précédents l’inclusion.
Ces résultats valident la participation de l’inflammation dans la pathogénie de la maladie athéroscléreuse coronaire. La colchicine à faible dose, vieux médicament peu coûteux aux effets anti-inflammatoires pléiotropes, apparait ainsi comme une possible nouvelle option pour réduire le risque résiduel lié à l’inflammation en prévention secondaire de la maladie coronaire.











