Médecine générale

Antibiorésistance : augmentation de la consommation des antibiotiques en France

Avec près de 5%, la consommation d'antibiotiques a nettement augmenté en France en 2024. Une hausse inquiétante face au risque croissant d'antibiorésistance.

  • AlexRaths / istock
  • 18 Novembre 2025
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    Ils ne sont pourtant "pas automatiques" et pourtant... En 2024, les prescriptions d'antibiotiques ont bondi de 4,8 % en France, et leur consommation de 5,4 %, selon un bilan de Santé publique France.

    Des chiffres qui inquiètent, d’autant plus qu’ils ramènent le pays à ses niveaux d’avant-Covid. Malgré les alertes répétées des autorités sanitaires, les bonnes pratiques ne s’ancrent pas durablement. Pourquoi ce recul, et surtout, quelles en sont les conséquences ?

    Des prescriptions d’antibiotiques souvent injustifiées

    A l’occasion de la Semaine mondiale de sensibilisation à la résistance aux antimicrobiens (du 18 au 24 novembre), Santé publique France dresse un constat sans appel : l'Hexagone reste l'un des plus gros consommateurs d'antibiotiques d'Europe, se classant deuxième juste après la Grèce. En 2024, on dénombrait plus de 860 prescriptions pour 1.000 habitants, bien loin de l'objectif de 650 d'ici 2027. Cette hausse fait suite à une période de baisse amorcée en 2014, et accentuée en 2020 par la crise sanitaire. Mais dès 2021, la tendance s'est inversée, portée par le retour des infections hivernales.

    L’agence sanitaire pointe du doigt les infections virales telles que la grippe ou la bronchiolite : "Ces dernières sont majoritairement virales et ne doivent pas justifier une prescription d'antibiotiques". Et pourtant, ces médicaments sont encore largement prescrits dans ces cas. Les généralistes, responsables de 75,6 % des ordonnances, ont par exemple augmenté leurs prescriptions de 6,2 % en 2024.

    La menace de l’antibiorésistance

    Cette surconsommation n'est pas sans conséquence : elle favorise l'apparition de bactéries résistantes, rendant certains traitements inopérants. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) alerte : l'antibiorésistance est déjà l'une des principales menaces sanitaires mondiales. En France, on estime que 5.500 décès annuels lui sont imputables, et 238.000 pourraient être recensés d'ici 2050 si rien ne change. Une étude publiée dans The Lancet prévoit même que les infections résistantes aux traitements pourraient tuer jusqu'à 39 millions de morts dans le monde dans les 25 prochaines années.

    Santé publique France insiste : seuls les diagnostics bactériens doivent justifier une prescription. Les durées de traitement doivent être respectées, et les antibiotiques ne jamais être partagés ou réutilisés. Des tests de diagnostic rapide pour des infections courantes (angine, cystite) peuvent aussi éviter des traitements inutiles. "Il faut faire encore plus pour sensibiliser, convaincre et aider ces prescripteurs", martèle le Dr Lefrançois.

     

     

     

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