Onco-Sein

Cancer du sein sous hormonothérapie : une nouvelle arme contre les bouffées de chaleur ?

L’elinzanetant, traitement non hormonal, s’est révélé efficace et bien toléré pour réduire significativement les bouffées de chaleur induites par l’hormonothérapie chez les femmes atteintes d’un cancer du sein hormonodépendant.

  • Highwaystarz-Photography/iStock
  • 19 Juin 2025
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    Le cancer du sein représente 30 % des cancers féminins, dont environ 70 % sont hormonodépendants, justifiant un traitement par hormonothérapie (tamoxifène ou inhibiteurs de l’aromatase, avec ou sans analogue de la GnRH) pendant 5 à 10 ans, afin de réduire les récidives et la mortalité. Ces traitements induisent fréquemment des bouffées de chaleur, parfois sévères, en particulier chez les femmes jeunes, altérant leur qualité de vie et pouvant compromettre l’observance thérapeutique. L’elinzanetant, un antagoniste des récepteurs neurokinine-1 et -3, cible les neurones KNDy impliqués dans la thermorégulation et s’est révélé efficace pour réduire les bouffées de chaleur liées à la ménopause. L’essai OASIS-4 vise à évaluer son efficacité et sa tolérance chez les femmes traitées par hormonothérapie pour un cancer du sein RH+.

    OASIS-4 : une lueur d’espoir pour les femmes en quête de soulagement

    Cette étude de phase 3, randomisée, en double aveugle, a inclus 474 femmes âgées de 18 à 70 ans, présentant au moins 35 épisodes hebdomadaires de bouffées de chaleur modérées à sévères sous hormonothérapie pour un cancer du sein RH+ (dont une patiente sous traitement préventif en raison d’un haut risque). Les participantes ont été réparties selon un ratio 2:1 : 316 ont reçu de l’elinzanetant à 120 mg/j pendant 52 semaines, tandis que 158 ont reçu un placebo pendant 12 semaines, suivi de 40 semaines d’elinzanetant. L’âge moyen était de 51 ans et l’IMC moyen d’environ 26. La majorité des patientes présentaient un cancer du sein de stade I ou II ; 56 % étaient traitées par tamoxifène et 44 % par inhibiteur de l’aromatase. À l’inclusion, les deux groupes présentaient des caractéristiques similaires, avec une fréquence moyenne de 11,4 à 11,5 bouffées de chaleur modérées à sévères par jour, des troubles du sommeil modérés (score PROMIS SD SF 8b autour de 60,6) et une qualité de vie liée à la ménopause altérée (score MENQOL moyen de 4,8).

    Des résultats convaincants dès 4 semaines : efficacité et tolérance au rendez-vous

    Les résultats montrent une réduction significative du nombre moyen quotidien de bouffées de chaleur dès la 4e semaine dans le groupe elinzanetant (−6,5 épisodes) comparé au groupe placebo (−3,0), soit une différence de −3,5 épisodes (IC95 % : −4,4 à −2,6 ; p<0,001). Cette amélioration persiste à 12 semaines (−7,8 versus −4,2 épisodes ; p<0,001), avec également une amélioration significative des scores PROMIS SD SF et MENQOL. Plus de 70 % des patientes traitées ont obtenu une réduction d’au moins 50 % de leurs symptômes à 12 semaines. La tolérance a été globalement bonne, avec des effets indésirables principalement légers à modérés, rapportés chez 69,8 % des patientes sous elinzanetant contre 62,0 % sous placebo ; les effets les plus fréquents étaient la somnolence, la fatigue et la diarrhée, les événements graves restant rares (2,5 % versus 0,6 %). Entre les semaines 13 et 52, cinq cas de récidive ou de progression de cancer et cinq cas d’anomalies hépatiques réversibles ont été observés, sans lien direct avec le traitement. Par ailleurs, des biopsies endométriales ont été réalisées chez 33 femmes du groupe elinzanetant et 14 du groupe placebo-elinzanetant (majoritairement sous tamoxifène), sans détection de lésion maligne.

    Une solution innovante pour un besoin urgent

    Ce traitement représente une alternative non hormonale prometteuse pour une population souvent démunie de solutions adaptées. La tolérance hépatique et endométriale a été satisfaisante sur 52 semaines, mais une surveillance à long terme reste nécessaire. L’adhésion élevée à l’étude et la poursuite du traitement par la majorité des participantes (91,6 %) renforcent l’intérêt clinique de cette molécule, qui pourrait transformer la prise en charge de ces patientes.

     

     

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