Onco-Sein

Cancer du Sein HER2+ : éribuline versus Taxanes

Cette étude de phase III est la première à démontrer la non-infériorité de l’éribuline par rapport aux taxanes en association avec une double blocage HER2, en 1ère ligne chez des patientes présentant un cancer du sein localement avancé ou métastatique HER2+.

  • Mohammed Haneefa Nizamudeen/iStock
  • 07 Mars 2025
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    Le cancer du sein HER2+ concerne 15 à 20 % des cas de cancer du sein. En première ligne, le traitement repose généralement sur une combinaison de trastuzumab (H) et de pertuzumab (P) avec une chimiothérapie à base de taxanes, comme l’a montré l’étude CLEOPATRA. Cependant, les effets secondaires des taxanes, notamment la neuropathie périphérique, peuvent altérer la qualité de vie des patientes et limiter la dose-intensité du traitement. L’éribuline a, en revanche, montré une efficacité chez les patientes lourdement prétraitées, avec une incidence réduite de neuropathie périphérique. Chez les patientes HER2+, les résultats d’une étude de phase II témoignent d’une efficacité de l’association H + éribuline avec une PFS de 9,2 mois pour l’ensemble de la population et de 20,5 mois en 1ère ligne.

    L’Essai JBCRG-M06/EMERALD : éribuline comme alternative aux Taxanes

    Cet essai de phase III vise à prouver la non-infériorité de l’éribuline en comparaison avec les taxanes lorsqu'elle est associée à H-P chez les patientes atteintes de cancer du sein HER2+ avancé.

    Cette étude a inclus 446 patientes, 224 dans le groupe éribuline et 222 dans le groupe taxane (docétaxel ou paclitaxel, n = 222). L'âge médian des patientes était de 56 ans, et 65,5 % d'entre elles présentaient des métastases viscérales. De plus, 41,0 % des patientes étaient en situation de récidive, dont 34,1 % avaient reçu une chimiothérapie (néo)adjuvante, principalement à base d'anthracyclines et de taxanes, et 30,0 % un traitement anti-HER2, principalement du trastuzumab. A la récidive, quelques patientes avaient également reçu une hormonothérapie ± associé à un anti-HER2 (10,1 %) ou du T-DM1 (2,2 %) avant leur inclusion.
     

    Éribuline : non-Infériorité en PFS et bénéfice en maintien de la qualité de vie

    Après un suivi médian de 35,7 mois, l'éribuline a prouvé sa non-infériorité par rapport aux taxanes, avec une médiane de survie sans progression (PFS) de 14,0 mois contre 12,9 mois pour les taxanes (HR 0,95 ; IC 95 % : 0,76-1,19). La survie globale n'a pas été atteinte dans le groupe éribuline, alors qu'elle était de 65,3 mois dans le groupe taxane (HR 1,09 ; IC 95 % : 0,76-1,58). Les taux de réponse objective et de bénéfice clinique étaient comparables dans les deux groupes. En ce qui concerne la qualité de vie, l'éribuline a retardé sa détérioration de plus de deux mois (7,16 mois contre 4,57 mois pour les taxanes), avec un meilleur maintien à 6 et 12 mois. Les effets indésirables étaient globalement similaires entre les deux groupes, bien que leur nature diffère : les réactions à la perfusion, la toxicité cutanée, la diarrhée, l'œdème et la neutropénie fébrile étaient plus fréquents sous taxanes, tandis que la neutropénie et les neuropathies sensitives périphériques sévères étaient plus courantes sous éribuline.

    Une alternative intéressante aux taxanes

    Bien que la PFS, de 14 mois, obtenue avec l’éribuline soit comparable à celle des études précédentes, elle reste inférieure à celle observée avec les taxanes dans les essais CLEOPATRA (18,7 mois) et PERUSE (20,7 mois), probablement en raison de différences dans les antécédents thérapeutiques des patientes, notamment l’exposition préalable au trastuzumab, au pertuzumab ou au T-DM1. En effet, dans cette étude, 28,3 % des patientes avaient déjà reçu du trastuzumab en situation localisée et 6,5 % avaient déjà reçu une thérapie anti-HER2 pour une récidive avant leur inclusion, contre seulement 12 % dans CLEOPATRA et 28 % dans PERUSE.  L’éribuline a permis de prolonger la qualité de vie des patientes avec un profil de tolérance globale favorable et pourrait ainsi représenter une alternative intéressante aux taxanes, particulièrement chez les patientes présentant une hypersensibilité à ces derniers.

     

     

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