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Infections à VRS : l’efficacité vaccinale se confirme chez les adultes et les femmes enceintes
Chez les 60–65 ans, les vaccins pré-fusion F réduisent nettement les infections respiratoires basses et aiguës à VRS. Par ailleurs, la vaccination maternelle F diminue les formes médicalement prises en charge, les formes sévères et les hospitalisations chez les nourrissons. En revanche, le niveau de preuve est insuffisant pour les vaccins post-fusion chez l’adulte, vivants atténués chez l’enfant, et nanoparticulaires chez la femme en âge de procréer.

- :Gilnature/istock
Le VRS demeure hautement transmissible et responsable de morbidité dans tous les âges, justifiant une stratégie vaccinale ciblée. Cette synthèse Cochrane (14 essais randomisés) montre chez les adultes âgés que les vaccins dirigés contre la protéine F en conformation pré-fusion réduisent les infections respiratoires basses confirmées en laboratoire avec une efficacité de 77 pour cent (IC à 95%, 70 à 83 ; rapport de risque 0,23) et les infections respiratoires aiguës confirmées avec une efficacité de 67 pour cent (intervalle de confiance à 95 pour cent, 60 à 73 ; rapport de risque 0,33).
Côté périnatal, la vaccination pendant la grossesse à base de protéine F diminue, chez les nourrissons, les épisodes d’infection respiratoire basse nécessitant des soins (efficacité 54 pour cent ; intervalle de confiance à 95 pour cent, 28 à 71 ; rapport de risque 0,46), les formes sévères nécessitant des soins (efficacité 74 pour cent ; IC à 95%, 44 à 88 ; rapport de risque 0,26) et les hospitalisations liées au virus respiratoire syncytial (efficacité 54 pour cent ; IC à 95%, 27 à 71 ; rapport de risque 0,46).
Les différences sur la mortalité liée au virus, la mortalité toutes causes et les événements indésirables graves imputables à la vaccination ne sont pas significatives, ce qui traduit un profil de sécurité globalement favorable dans les essais.
Un niveau de preuve insuffisant dans certains sous-groupes
Chez les personnes âgées, un vaccin visant la protéine F en conformation post-fusion n’a pas montré d’efficacité sur les infections respiratoires basses ou aiguës (rapports de risque respectifs 1,37 et 1,07 ; certitude modérée), confortant la supériorité immunologique de la conformation pré-fusion.
Chez les nourrissons et jeunes enfants, les vaccins vivants atténués n’apportent pour l’instant qu’une preuve très incertaine sur la réduction des épisodes d’infection respiratoire aiguë nécessitant des soins, qu’ils soient confirmés par le laboratoire ou non, sans excès d’événements indésirables graves détectable.
Chez les femmes en âge de procréer, un vaccin nanoparticulaire à base de protéine F suggère une diminution des nouvelles infections par le virus respiratoire syncytial, mais le niveau de preuve est très faible et ne permet pas de conclure.
Dans l’ensemble, les essais de phase avancée ne montrent pas d’augmentation des événements graves, y compris neurologiques tels que le syndrome de Guillain-Barré, bien que ces analyses restent de faible certitude et nécessitent une pharmacovigilance soutenue après mise sur le marché.
D’où viennent ces données, et quoi changer demain ?
La revue systématique a suivi les méthodes Cochrane et a interrogé les principales bases bibliographiques et registres d’essais de 2000 à avril 2024. Ont été inclus des essais contrôlés randomisés comparant des vaccins contre le virus respiratoire syncytial à un placebo, à l’absence d’intervention, à d’autres vaccins respiratoires, à d’autres vaccins contre le virus respiratoire syncytial ou à des anticorps monoclonaux, chez tous types de populations humaines ; les études de recherche de dose et d’immunogénicité ont été exclues. Cinq essais concernaient les adultes âgés (plus de cent mille participants), trois la vaccination pendant la grossesse avec effets chez les nourrissons (un peu plus de douze mille participants), un les femmes en âge de procréer et cinq les nourrissons ou enfants. Le risque de biais était faible dans les essais de phase avancée, avec des réserves ponctuelles sur la randomisation dans les phases précoces.
Selon les auteurs, deux axes peuvent être intégrés dès maintenant : chez les adultes âgés ou à risque, privilégier les vaccins ciblant la protéine F en conformation pré-fusion pour diminuer des épisodes cliniquement pertinents et coûteux ; pendant la grossesse, proposer la vaccination à base de protéine F afin de protéger le nourrisson au cours des premiers mois de vie. À l’inverse, les plateformes en conformation post-fusion, les vaccins vivants atténués chez l’enfant et les formulations nanoparticulaires avant la conception exigent des données supplémentaires avant une diffusion large. Les priorités de recherche comprennent des essais pragmatiques comparant directement ces vaccins aux anticorps monoclonaux, l’évaluation de la durée de protection et du rapport coût-efficacité, la documentation des issues sévères (admissions en réanimation, mortalité) et l’identification de profils de patients par phénotypage clinique ou biologique susceptibles d’un bénéfice maximal.
En synthèse, l’efficacité solide des vaccins fondés sur la protéine F en conformation pré-fusion chez les adultes âgés, ainsi que l’effet protecteur de la vaccination pendant la grossesse chez le nourrisson, constituent des leviers immédiatement actionnables pour réduire le fardeau du virus respiratoire syncytial, tandis que d’autres approches vaccinales doivent encore gagner en maturité avant de modifier les recommandations de routine.