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Cancers de l’ovaire III-IV : le score de Kelim pour la réponse au bevacizumab ?

Les données de l’analyse supplémentaire rétrospective de l’essai GOG-0218 démontrent un bénéfice plus important en survie sans progression et survie globale du bevacizumab pour des patientes avec un cancer de l’ovaire stade III-IV et un score de Kelim défavorable, reflet d’une faible chimio sensibilité.

  • Elena Nechaeva/istock
  • 24 Oct 2022
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    Bien qu’approuvée depuis 2018 sur les données de survie sans progression de l’essai ICON-7 et GOG-0218, la place du bevacizumab et notamment la sélection des patientes en bénéficiant restent encore au cœur des débats, fragilisée par les données de survie globale négatives dans la population générale, avec un gain uniquement pour les populations à haut risque de ces mêmes études.

    L’association entre le score de Kelim, calculé sur la décroissance du CA 125 dans les 100 premiers jours du début de la chimiothérapie, reflet de la chimio sensibilité (forte pour un score favorable >1, et faible pour un score défavorable <1), et le bénéfice du Bevacizumab a été étudié dans l’étude ICON7 retrouvant une valeur à la fois prédictive et pronostic de cet outil numérique de l’efficacité de l’anti VEGF. Ces mêmes analyses ont été reproduites dans l’essai GOG-0218.

    Valeur pronostique du score de Kelim sur la survie sans progression et la survie globale.

    Publiées récemment dans le JCO par B.You, les données de l’analyse supplémentaire de l’essai GOG-0218 confirment le bénéfice en survie sans progression et survie globale du traitement par bevacizumab, concomitant et en entretien dans les cancers de l’ovaire en première ligne, présentant une faible chimio-sensibilité, illustrée par un score de Kelim défavorable, superposables au données de l’essai ICON-7.

    L’étude internationale GOG-0218, de phase III, s’adressait aux patientes présentant un cancer de l’ovaire stade III-IV, en première ligne de prise en charge : 1873 patientes ont été incluses, 548 dans le bras 1 recevant une chimiothérapie par carboplatine paclitaxel, 560 dans le bras 2 (chimiothérapie et Bevacizumab concomitant) et 549 dans le bras 3 (chimiothérapie et Bevacizumab concomitant et en entretien pour 22 cycles). Les résultats principaux de cette étude étaient un bénéfice de 4 mois en survie sans progression, mais non retrouvé en survie globale.

    L’analyse supplémentaire, rétrospective s’est intéressée au calcul du score de Kelim dans la population : considéré comme favorable si >1, et défavorable si <1, respectivement le reflet d’une forte ou faible chimio sensibilité. L’objectif principal de cette analyse supplémentaire était d’évaluer le bénéfice du bevacizumab selon les données du score de Kelim et du risque de la maladie. Sur les 1873 patientes incluses, 1662 patientes avaient au moins 3 valeurs consécutives de Ca125 nécessaires au calcul du score de Kelim, et 1644 et 1657 ont été incluses pour l’analyse de la survie sans progression et survie globale : 34.7% présentaient un stade III opéré avec une chirurgie optimal (résidus tumoraux <1 cm), 39.8% un stade III opéré avec des résidus tumoraux >1cm, et 25.5% un stade IV.

    Un bénéfice en survie sans progression et survie globale en cas de Kelim défavorable et maladie à haut risque.

    La médiane de suivi est de 98.1 mois en survie sans progression et 100 mois en survie globale. Dans la population générale, il existe un bénéfice en survie sans progression du bevacizumab concomitant et en entretien, en cas de score de Kelim défavorable avec une médiane de 9.8 mois vs 6.1 mois (HR 0.70; 95% CI 0.59-0.82), et en survie globale avec une médiane de 36.3 mois vs 31.8 mois (HR 0.87; 95% CI, 0.73-1.03). Ce bénéfice n’est pas retrouvé en cas de score de Kelim favorable avec respectivement une médiane de survie sans progression de 17.6 vs 13.6 mois (HR 0.96; 95% CI, 0.79-1.17) et en survie globale de 55.7 vs 56.7 mois (HR 1.11; 95% CI, 0.89 -1.39).

    Dans la population à haut risque correspondant au stade IV et stade III avec résidus post-opératoires >1 cm, le bénéfice du Bevacizumab en cas de score de Kelim défavorable est encore plus important avec une médiane de survie sans progression de 9.1 vs 5.6 mois (HR 0.64, 95% CI, 0.53-0.78) et de survie globale de 35.1 vs 29.1 mois (HR 0.79; 95% CI, 0.65-0.97). En cas de score de Kelim favorable, ce bénéfice n’est pas retrouvé (médiane de PFS de 16.3 vs 11.7 mois, HR 0.88, et médiane d’OS de 59.6 vs 49.4 mois, HR 1.05), avec même une tendance, certes non significative, en défaveur du Bevacizumab chez les bas risques avec une médiane de survie globale de 51.3 vs 68.3 mois (HR1.18).

    L’impact de ces résultats est néanmoins à pondérer avec l’absence de prise en compte de la place, actuellement presque systématique, des inhibiteurs de PARP dans la prise en charge, et du statut BRCA. Pour autant, de par sa facilité de calcul et le reflet de la chimio sensibilité, le score de Kelim rentre dans l’argumentaire décisionnel dès actuellement, et sera prochainement évalué prospectivement dans l’essai de phase III Nirvana.

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    JDF