Pneumologie

Asthme allergique : l’immunothérapie sublinguale réduit les exacerbations

L’efficacité de l'immunothérapie sublinguale dans le traitement de l'allergie à la poussière de maison chez les asthmatiques adultes est mise en évidence dans une étude randomisée européenne. Cette désensibilisation diminue le risque d’exacerbation.

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  • 23 Mai 2016
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    On estime qu’un patient asthmatique sur deux est allergique aux acariens, une allergie qui favorise les exacerbations et aggrave le pronostic. Les options thérapeutiques disponibles ne sont pas toujours efficaces, un patient sur trois restant symptomatique. Un essai clinique publié dans le Jama a évalué l’impact de la désensibilisation par comprimés sublinguaux avec des résultats positifs puisque ce traitement diminue le risque d’exacerbation.

    Réduction des corticoïdes inhalés

    Cette étude randomisée en double-aveugle contre placebo a enrôlé 834 patients asthmatiques allergiques aux acariens dans 109 centres en Europe. Cette population souffrait d’un asthme classé GINA 3 et 4. Elle prenait donc un traitement au long cours par corticoïdes inhalés et n’était pas bien contrôlée. Les malades devaient avoir un test cutané positif aux acariens et des IgE spécifiques aux acariens positives.

    Trois groupes de patients ont été randomisés : placebo et deux dosages d’immunothérapie sublinguale, 6 SQ et 12 SQ, en prise quotidienne en comprimés. Le traitement de fond par corticoïdes inhalés et salbutamol était poursuivi simultanément. L’essai a duré un an et l’efficacité de l’immunothérapie a été évaluée au cours des six derniers mois de l’étude quand les corticoïdes inhalés ont été réduits de 50 % pendant trois mois puis complètement arrêtés pendant les trois mois suivants.

    Réduction significative du risque

    Les résultats montrent une réduction significative du risque d’exacerbation modérée et sévère, qui était le critère principal de l’étude, pour les patients traités avec les deux dosages comparés au placebo : 28 % pour le 6 SQ (p = 0,045) et 31 % pour le 12 SQ (p = 0, 03). Les auteurs estiment que la réduction absolue du risque d’exacerbation après six mois de traitement est de 9 à 10 %.

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    Frédéric de Blay, pneumologue, CHRU de Strasbourg : « La désensibilisation a permis, lorsque l’on réduisait les corticoïdes inhalés, de réduire l’apparition des exacerbations… »

    Pas d'effet indésirable grave

     

    Cependant, il n’a pas été observé de différence significative sur les résultats des questionnaires de modification du contrôle de l’asthme et de qualité de vie pour les deux dosages. Les effets indésirables les plus fréquents ont été un prurit oral léger à modéré (13 % avec le 6 SQ et 20 % avec le 12 SQ), un œdème de la bouche et une irritation de la gorge.

    D’après un entretien avec le Pr Frédéric de Blay, pneumologue, CHRU de Strasbourg

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    Frédéric de Blay : « Avant, la désensibilisation ne pouvait s’envisager que chez des patients qui avaient des asthmes vraiment légers… »

    Virchow J, Backer V, Kuna P, et al. Efficacy of a house dust mite sublingual allergen immunotherapy tablet in adults with allergic asthma: A randomized clinical trial. JAMA. 26 avr 2016;315(16):1715‑25.


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