Oncologie
Méningiome : l’utilisation prolongée de contraceptifs injectables en cause ?
La prise prolongée d'un progestatif retard en injection intra-musculaire, l’acétate de médroxyprogestérone-retard, serait liée à un risque plus élevé de diagnostic de méningiome chez les femmes.
- areeya_ann/iStock
Pilule, implant, stérilet, patch… Il existe différentes formes de contraceptifs hormonaux. Parmi elles, on retrouve aussi les progestatifs injectables, dont la durée d’action est de trois mois et l’administration par voie intramusculaire doit être faite à intervalles réguliers par un professionnel de santé.
D’après l’Assurance Maladie, leur indication est limitée dans le temps et aux cas où il n’est pas possible d’utiliser d’autres méthodes contraceptives. La raison : des risques potentiels (thrombose veineuse, diminution de la densité minérale osseuse, prise de poids) et des effets secondaires fréquents (irrégularité des règles…).
Contraception : le risque de diagnostic de méningiome évalué pour 10.425.438 femmes
Dans le cadre d’une nouvelle étude, des chercheurs l'université Case Western Reserve et de la Cleveland Clinic (États-Unis) ont voulu examiner le risque de diagnostic de méningiome, une tumeur en général bénigne des méninges chez les femmes utilisant de l’acétate de médroxyprogestérone-retard et d’autres progestatifs. Selon le Manuel Merck, l’acétate de médroxyprogestérone retard, dont la substance active est une hormone de synthèse, est une présentation injectable à longue durée d'action de l'acétate de médroxyprogestérone dans une suspension cristalline.
Pour mener à bien les travaux, publiés dans la revue JAMA Neurology, l’équipe a utilisé les données de TriNetX, un réseau américain de 68 organismes de santé, qui couvrent la période de décembre 2004 à décembre 2024. Au total, 10.425.438 femmes, âgées en moyenne de 33 ans, répondaient aux critères d'inclusion. Parmi elles, 8.186.531 étaient des patientes témoins ne suivant pas de traitements hormonaux, 88.668 utilisaient de l'acétate de médroxyprogestérone-retard, 736.443 de l'acétate de médroxyprogestérone par voie orale, 388.192 des contraceptifs oraux combinés, 614.666 des dispositifs intra-utérins, 29.666 un stérilet en cuivre, 180.035 un DIU au lévonorgestrel à 52 mg, 22.643 un DIU au lévonorgestrel à 13,5/19,5 mg, 39.406 des pilules progestatives et 172.188 avaient des implants sous-cutanés. "L’incidence du diagnostic de méningiome a été comparée entre les groupes."
Méningiome et progestatifs injectables : un risque élevé après plus de quatre ans d'exposition ou débutant à 31 ans
Les utilisatrices d'acétate de médroxyprogestérone-retard présentaient un risque de diagnostic de méningiome 143 % plus élevé que les patientes témoins. Ce risque était notamment limité aux femmes ayant été exposées pendant plus de quatre ans ou ayant commencé la prescription après 31 ans. Dans le détail, la durée d'exposition indiquait un risque 200 % plus élevé après quatre à six ans d'utilisation et 290 % plus élevé après plus de six ans. Les données indiquaient un risque 277 % plus élevé entre 31 et 40 ans, 175 % plus élevé entre 41 et 50 ans et 220 % plus élevé après 50 ans.
Selon les résultats, l’acétate de médroxyprogestérone par voie orale présentait un risque 18 % plus élevé. "Aucun autre contraceptif n'a augmenté le risque de diagnostic de méningiome. Les estimations de risque étaient inférieures de 26 % pour les contraceptifs oraux combinés, de 13 % pour les dispositifs intra-utérins en général et de 21 % pour le DIU au lévonorgestrel à 52 mg", ont précisé les auteurs.











