Allergie

Un premier décès lié à une allergie à la viande causée par les tiques

Des médecins ont découvert qu’un homme de 47 ans, décédé subitement au cours de l'été 2024 aux Etats-Unis, était le premier cas fatal d’allergie à la viande recensé.

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  • 14 Novembre 2025
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    La maladie de Lyme n’est pas la seule pathologie qui peut être transmise par les tiques. Ces acariens peuvent aussi provoquer un syndrome alpha-gal (SAG), plus connu sous le nom d’allergie à la viande. Et cette condition rare n’est pas anodine. Des chercheurs de la faculté de médecine de l’université de Virginia viennent d’identifier aux USA un premier décès causé par une allergie à la viande transmise par des tiques.

    Le cas a été détaillé dans la revue Journal of Allergy and Clinical Immunology le 12 novembre 2025.

    L’homme est mort 4 heures après avoir mangé un burger

    L’allergologue Dr Thomas Platts-Mills s’est penché sur le dossier d’un homme de 47 ans, décédé au cours de l’été 2024, seulement 4 heures après avoir consommé du bœuf. La première fois que le patient a présenté des symptômes étranges, il campait avec sa femme et ses enfants. Alors qu’il avait consommé un steak à 22 heures, il a été pris de fortes douleurs abdominales, de la diarrhée et des vomissements vers deux heures du matin. Comme cela allait mieux le lendemain matin, le père de famille n’a pas été consulté. Deux semaines plus tard, n’ayant pas fait le lien entre la viande et ses symptômes, il a mangé un hamburger lors d'un barbecue. Il a commencé à se sentir mal vers 19 heures et son fils l’a trouvé inerte dans la salle de bain à 19h37. Il a été déclaré mort à 22H22 par les médecins. Les causes de son décès n'avaient pas pu être déterminées à l’époque.

    Une réaction extrême

    À la demande de la veuve, le Dr Thomas Platts-Mills a mené son enquête. Les échantillons de sang prélevés post-mortem lui ont révélé une sensibilisation à l'alpha-gal, un sucre présent dans la viande de mammifère. De plus, l'analyse sanguine a révélé une réaction extrême, caractéristique d'une anaphylaxie fatale.

    Après cette découverte, la famille a été interrogée sur les antécédents de morsure de tique. L'épouse a assuré qu'il n'en avait eu aucune l'année précédente, mais qu'il avait par contre été piqué une douzaine de fois par des aoûtats au niveau des chevilles au cours de l’été. En se penchant sur cet incident, le médecin a réalisé que ces "nombreuses piqûres de chiggers" (trombiculés en Français, des acariens microscopiques) dans l'est des États-Unis provenaient en fait de larves de tiques étoilées ou "Lone Star", une espèce uniquement présente sur le continent américain. Ce qui lui a permis d’établir que l’allergie à la viande à l’origine de son décès était bien liée aux acariens.

    Dans l’étude de cas, les auteurs précisent que la réaction allergique du patient a été aggravée par la consommation d'une bière pendant le repas, l'exposition au pollen d'ambroisie et l'exercice physique pratiqué cet après-midi-là.

    Allergie à la viande : il faut repérer les signes

    Après l’identification de ce premier décès lié à une "allergie à la viande" causée par les tiques, le spécialiste appelle les médecins à être vigilants. Il recommande de dépister les personnes présentant les symptômes d’une allergie aux alpha-gal – comme une urticaire, des nausées, des vomissements ou encore des douleurs abdominales soudaines – après avoir consommé de la viande ou ayant un risque d’exposition aux tiques.

    "Voici les informations importantes à retenir : premièrement, toute douleur abdominale intense survenant 3 à 5 heures après la consommation de bœuf, de porc ou d’agneau doit faire l’objet d’une enquête pour suspicion d’anaphylaxie. Deuxièmement, les piqûres de tiques provoquant des démangeaisons durant plus d’une semaine (ou de larves de tiques) peuvent induire ou aggraver une sensibilisation à la viande de mammifères", prévient le Dr Platts-Mills dans son communiqué. Il ajoute qu’il est essentiel que "les médecins et les patients qui vivent dans une région du pays où les tiques Lone Star sont courantes, soient conscients du risque d’allergie."

    L’homme de 47 ans est le premier cas identifié lié à ce type d’allergie. "La plupart des personnes présentant des crises d’urticaire légères à modérées parviennent à contrôler leurs symptômes grâce à une alimentation adaptée", assure l’expert.

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