Cigarette
Le lourd tribut des enfants face au tabagisme passif
Chaque année, le tabagisme passif, cette fumée de cigarette respirée sans le vouloir par les enfants, leur fait perdre plus de 8 millions d’années de vie en bonne santé, révèle une équipe de chercheurs.

- Par Stanislas Deve
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- Liudmila Chernetska / istock
"Les données de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) estiment que l'exposition au tabagisme passif provoque 1,2 million de décès prématurés par an, dont environ 65.000 chez les enfants de moins de 15 ans. Mais nous savons que beaucoup plus d'enfants souffriront de maladies causées par d'autres personnes qui fument autour d'eux [...]" Une étude présentée récemment au congrès annuel de la Société européenne de pneumologie (ERS), tenu à Amsterdam aux Pays-Bas, tire la sonnette d'alarme : en 2021, 8,45 millions d'années de vie en bonne santé ont été perdues chez les enfants à cause de la fumée de cigarettes respirée involontairement.
Des enfants plus vulnérables et peu protégés
Pilotée par l’université de Hangzhou (Chine) et l’université chinoise de Hong Kong, cette étude est la première à mesurer l’impact mondial du tabagisme passif chez les enfants de 0 à 14 ans. En s’appuyant sur les données du projet international Global Burden of Disease, les chercheurs ont estimé que le tabagisme passif est responsable de 3,79 millions d'années perdues en raison d'infections des voies respiratoires inférieures (comme la pneumonie), 3,86 millions pour les infections thoraciques et la tuberculose, ainsi que 0,8 million pour les otites.
"Il n'existe aucun seuil sûr d'exposition au tabagisme passif, préviennent les scientifiques dans un communiqué. Et les jeunes enfants y sont particulièrement sensibles, leurs poumons et leur organisme étant encore en développement." Plus grave encore, les enfants des régions défavorisées sont les plus touchés : dans les zones à faible développement socio-démographique, les taux d'années de vie perdues sont 30 à 40 fois plus élevés que dans les régions plus riches.Des politiques de santé à renforcer
"Ce fardeau sanitaire est évitable si l'on protège mieux les enfants de la fumée des autres", insistent les chercheurs, qui plaident pour des politiques ciblées, tenant compte des facteurs géographiques, sociaux et économiques. "Cette étude est un signal d’alarme. Il faut interdire le tabac dans les lieux de vie des enfants et réduire le tabagisme globalement." La France a récemment fait un pas dans ce sens en interdisant, depuis le 29 juin dernier, la cigarette dans de nombreux espaces publics comme les abribus, parcs, plages ou abords d’écoles. Une mesure surtout destinée à protéger les plus jeunes du tabagisme passif.Mais l’omniprésence de nouveaux produits comme les cigarettes électroniques, prisées par les adolescents, ou le tabac chauffé sans combustion, complique sérieusement la donne. Les chercheurs appellent donc à surveiller aussi leurs effets indirects sur la santé des enfants. L’OMS estime déjà que le vapotage est un problème de santé publique aussi important que le tabagisme qui, pour rappel, cause plus de 75.000 décès chaque année en France et quelque 7 millions à l’échelle mondiale.