Leucémie
Ses saignements de gencive après le brossage des dents cachaient un cancer rare
Une jeune Britannique pensait que ses saignements de gencives étaient dus à un brossage de dents un peu trop intensif. En réalité, il s’agissait d’un symptôme d’un rare cancer du sang.

- Par Sophie Raffin
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Se laver les dents est tellement ancré dans notre quotidien que c’est un geste que l’on fait machinalement en pensant à autre chose. À 21 ans, Amber Cunningham-Rogan, alors étudiante à Edinburgh Napier University, ne dérogeait pas à la règle et ne s’inquiétait pas particulièrement des saignements aux gencives qui survenaient.
"Au début, je pensais que je me brossais juste les dents un peu trop fort, puisque j'avais potentiellement une maladie des gencives", explique la Britannique au Sun Health. Mais l’accumulation d’autres symptômes généraux l’ont conduit à consulter et à découvrir qu’elle souffrait d’un rare cancer du sang."La leucémie n'est pas seulement une maladie de personne âgée"
Au-delà des saignements des gencives fréquents, la jeune femme sentait que quelque chose clochait. "Je n'avais rien vécu qui criait « cancer ». Mais pendant des années, j'allais chez le médecin généraliste avec des symptômes qui n'avaient pas tout à fait de sens", se souvient Amber. "J'étais constamment fatiguée, attrapant des infections plus souvent que d'habitude, puis un étrange engourdissement et des picotements dans mes mains et mes jambes sont venus." Les différents examens effectués au fil des mois n’ont rien révélé d’alarmant. Lors d’une consultation à l'hôpital Ninewells de Dundee pour son hémochromatose (une maladie héréditaire provoquant une surcharge de fer), la jeune femme a évoqué ses nombreux troubles avec son médecin. Bien que ce dernier pensait qu’ils devaient être liés à une infection récente, il a prescrit des tests supplémentaires pour en avoir la certitude. Cette analyse de sang complémentaire réalisée a révélé des anomalies préoccupantes ainsi qu’un nombre élevé de globules blancs. Une biopsie de la moelle osseuse a alors été réalisée pour avoir des résultats plus complets. Une semaine plus tard, le diagnostic est tombé : Amber souffre d’une leucémie myéloïde chronique. Ce cancer du sang est relativement rare puisqu’on compte seulement 600 nouveaux cas par an en France, selon la société française d'hématologie. Le cas de la jeune femme était d’autant plus surprenant pour les médecins que cette maladie caractérisée par une production excessive de globules blancs dans la moelle osseuse, touche plus les hommes et les personnes plus âgées. L’âge médian des patients au moment du diagnostic est, en effet, de 53 ans.
"Les gens pensent que je suis guérie, mais la leucémie myéloïde chronique est une maladie chronique"
Après le diagnostic, elle a rapidement commencé une thérapie orale ciblée. Malgré les effets secondaires importants, la jeune femme a insisté pour poursuivre ses études en parallèle de son traitement. Et les deux ont été un succès. Six mois plus tard, elle obtenait son diplôme avec mention très bien et présentait une réponse moléculaire profonde. C’est-à-dire que bien que toujours présente, la maladie est détectable à un niveau très faible. Toutefois, il est nécessaire de poursuivre les traitements.
"J'ai l'air d'aller bien maintenant, donc les gens pensent que je suis guérie, mais la leucémie myéloïde chronique est une maladie chronique avec laquelle je vis au quotidien." La fatigue, les douleurs osseuses, les maux de tête, les problèmes de peau et l’épuisement total restent, en effet, très présents.Cependant, Amber, aujourd’hui âgée de 26 ans, a une lueur d’espoir. "Je suis désormais une candidate pour essayer de ne plus avoir recours au traitement." Un des critères pour être éligible est d'avoir une réponse moléculaire profonde depuis plusieurs années.
"Il y a 60 % de risque de rechute au cours des six premiers mois, mais si vous dépassez ce point, le taux de rechute diminue considérablement", explique la patiente qui œuvre pour faire connaître cette maladie rare. "Les symptômes de sevrage sont courants, mais je veux quand même essayer. Pour moi, arrêter le traitement ne concerne pas seulement les médicaments, c'est essayer de reprendre ma vie en main", conclut-elle.