Cerveau

Démence : les maladies inflammatoires chroniques de l'intestin pourraient l’accélérer

Un lien a été établi entre la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique et un déclin cognitif plus rapide chez les personnes atteintes de démence.

  • Satjawat Boontanataweepol/iStock
  • 26 Jul 2025
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    L'"axe intestin-cerveau", qui relie l'intestin et le système nerveux central, a fait l'objet d'une attention particulière ces dernières années. Une hypothèse existe selon laquelle les maladies inflammatoires chroniques de l'intestin (MICI), maladie de Crohn et rectocolite hémorragique, pourraient contribuer à la démence en perturbant la régulation neuronale et en altérant les interactions entre le microbiote intestinal et le système nerveux central. Problème : l'impact de ces pathologies, qui se caractérisent par l’inflammation de la paroi d’une partie du tube digestif due à une dérégulation du système immunitaire, sur les fonctions cognitives reste un mystère. C’est pourquoi des chercheurs du Karolinska Institutet (Suède) ont voulu vérifier cette théorie.

    Un déclin cognitif plus rapide chez les patients souffrant de MICI et de démence

    Dans une nouvelle étude, les scientifiques ont utilisé le registre suédois des troubles cognitifs et de la démence (SveDem) afin d'identifier les personnes ayant développé une MICI après un diagnostic de démence. Au total, 111 adultes atteints à la fois de démence et de maladies inflammatoires chroniques de l'intestin nouvellement diagnostiquées ont été comparées à 1.110 volontaires souffrant de démence, mais sans MICI. Les deux groupes étaient similaires en termes d'âge, de sexe, de type de démence, de comorbidité et de traitement médicamenteux en cours. Ensuite, l’équipe a examiné l'évolution du score MMSE (Mini-Mental State Examination), une mesure courante de la fonction cognitive au fil du temps, et a comparé les taux d’altération entre les deux groupes.

    Selon les résultats, les participants souffrant à la fois de démence et de MICI ont connu un déclin cognitif plus rapide. Plus précisément, l’altération des fonctions cognitives était plus prononcée après le diagnostic de MICI qu'avant. Les adultes ayant reçu les deux diagnostics ont perdu près d'un point MMSE de plus par an que ceux atteints uniquement de démence. "Ce déclin est cliniquement significatif et comparable à la différence entre les patients qui prennent le nouveau médicament contre la maladie d'Alzheimer, le donanemab, et ceux qui n'en prennent pas", a expliqué Hong Xu, auteur principal des travaux publiés dans la revue Gut.

    Vers des stratégies de soins plus efficaces

    Selon les auteurs, ces données ouvrent la voie à des stratégies de soins plus efficaces, avec un suivi plus étroit et des traitements ciblés, "qui, espérons-le, amélioreront la qualité de vie de ces personnes. (…) Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour comprendre comment les maladies inflammatoires chroniques de l'intestin affectent le cerveau et si le traitement des MICI peut ralentir le déclin cognitif."

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