Hyperphagie boulimique
Les médicaments amaigrissants pourraient-ils aussi soigner les troubles alimentaires ?
Les médicaments favorisant la perte de poids comme Ozempic pourraient éventuellement aussi réduire les crises d’hyperphagie boulimique en atténuant les pensées obsessionnelles liées à la nourriture, selon des chercheurs.

- Par Stanislas Deve
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Utilisés à l'origine contre le diabète de type 2, les médicaments agonistes du GLP-1 comme Ozempic, Wegovy ou Mounjaro suscitent aujourd'hui un engouement mondial pour leurs effets sur la perte de poids. En Australie, la récente approbation du Mounjaro pour traiter l'obésité a même entraîné une pénurie nationale. Mais, d’après des chercheurs australiens de l’Université de Melbourne, ces traitements pourraient aussi potentiellement devenir une solution à un trouble alimentaire plus profond : l’hyperphagie boulimique.
Quand les pensées alimentaires s'estompent
Les agonistes du GLP-1 imitent des hormones libérées après un repas, régulant la glycémie et signalant la satiété au cerveau. Certains utilisateurs rapportent notamment une disparition des "voix alimentaires", ces pensées obsessionnelles autour de la nourriture. Bien que les données empiriques restent limitées, ces témoignages laissent penser que les médicaments agiraient aussi sur les circuits neuronaux liés à la récompense et au contrôle des impulsions.
L'hyperphagie boulimique, qui touche entre 3 et 5 % de la population selon l’Assurance Maladie, est le trouble alimentaire le plus fréquent en Australie. Elle se caractérise par des crises alimentaires incontrôlées, suivies de honte et de culpabilité, souvent liées à l'obésité et au diabète. "Ces troubles semblent liés à des mécanismes neuronaux compulsifs, proches de ceux de l'addiction", explique une chercheuse de l'Université de Melbourne.
Reste que, si ces médicaments GLP-1 offrent un véritable potentiel, ils ne sont pas encore autorisés pour traiter l’hyperphagie boulimique. Et pour cause, leur effet sur les crises n'a pas encore été validé par des essais cliniques à grande échelle. "Je suis prudente : un médicament ne peut remplacer la psychothérapie", prévient la scientifique.
Médicaments amaigrissants : quels effets sur le cerveau ?
Ces traitements peuvent certes atténuer les signaux de faim naturels et favoriser les restrictions alimentaires. Mais que se passe-t-il à l'arrêt du traitement ? Reprise de poids, retour des compulsions... le flou demeure.
Pour y voir plus clair, un nouvel essai clinique de l'Université de Melbourne va suivre des patients souffrant d’hyperphagie boulimique pendant six mois sous GLP-1, avec un accompagnement psychologique strict. "Il est crucial de comprendre l'effet de ces médicaments sur le cerveau avant de les généraliser."