Pneumologie

Des images réelles de l’impact des bouchons muqueux dans l’asthme sévère

 Les anomalies de ventilation dans l'asthme seraient plus liées à l'inflammation et aux bouchons muqueux qu'au profil inflammatoire. Des images obtenues par IRM de ventilation au Xenon ont permis de confirmer cette présomption. D’après un entretien avec Arnaud BOURDIN.

  • 25 Décembre 2025
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    Une étude, dont les résultats sont parus en novembre 2025 dans CHEST, a cherché à déterminer si les anomalies de ventilation observées chez les patients asthmatiques sévères sont liées aux bouchons muqueux. Pour cela, les auteurs ont inclus 85 patients asthmatiques sévères et 15 patients sains. Tous ont bénéficié d’une IRM ventilatoire au Xenon. La cyrtométrie des crachats a été utilisée pour évaluer l’inflammation des voies respiratoires et classer les patients asthmatiques en quatre phénotypes cellulaires : pauci-granulocytaire, éosinophilique, neutrophilique et mixte. Une ventilation anormale, exprimée en pourcentage de défauts de ventilation mesurés par IRM, a été comparée entre les différents phénotypes d’asthme et dans le groupe témoin. Par ailleurs, les données démographiques, les caractéristiques cliniques et les concentrations de cytokines dans les crachats ont été analysées chez les patients asthmatiques pauci-granulocytaires selon que leur défauts de ventilation se situaient au-dessus ou au-dessous de la limite supérieure de la normale.

     

    Ce qui était pressenti mis en images

    Le professeur Arnaud BOURDIN, responsable du service de pneumologie, allergologie et oncologie thoracique du Centre Hospitalier Universitaire de Montpellier, félicite ce travail qui a permis de visualiser les endroits mal ventilés chez les patients asthmatiques sévère grâce à l’IRM au gaz polarisé (Xenon). Cette hétérogénéité de ventilation observée dans l’asthme sévère est liée à la présence de bouchons muqueux dans les bronchioles. Arnaud BOURDIN explique que le faible VEMS observé est lié à aux défauts de ventilation , qui est en relation avec les bouchons muqueux, ce qui était déjà pressenti mais dont ce travail a permis la visualisation. Il relève une légère faiblesse car l’analyse a été réalisée dans les expectorations et non dans les bouchons muqueux. Toutefois, cette analyse a permis de montrer qu’il s’agit d’une inflammation éosinophilique, ce qui suggère que si l’éosinophilie est diminuée, les bouchons muqueux le seront également et il y aura donc moins de défauts de ventilation.

     

    Peu d’impact en pratique mais un beau travail

    Arnaud BOURDIN explique que ce travail est particulièrement intéressant et apporte de beaux résultats mais qu’il n’a que peu d’impact en pratique clinique puisqu’il n’est possible que si l’on est équipé d’un accélérateur de particules et il précise, qu’en France , il n’en existe que deux. Ainsi, ces résultats ne sont pas révolutionnaires mais offrent de très belles images. De plus, Arnaud BOURDIN souligne que ce travail n’est pas suivi d’une démonstration thérapeutique, qui sera peut-être réalisée ultérieurement, tout en rappelant que les voies thérapeutiques ont déjà été suggérées par deux études, notamment avec le dupilumab, mais sans utiliser cette technique d’imagerie par IRM au gaz pulsé.

     

    En conclusion, au cours de l’asthme sévère, lorsque le VEMS est mesuré, on mesure, en réalité, des défauts ventilatoires, qui sont liés aux bouchons muqueux. La prise  en charge thérapeutique des bouchons muqueux pourrait donc améliorer l’hétérogénéité de ventilation de ces patients et donc leur VEMS.

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