Oncologie
Cancer du foie : les patients défavorisés ont plus de risque d’en mourir
Selon une étude réalisée par des chercheurs français, les inégalités économiques ont un impact sur la prise en charge du cancer du foie.
- Par Mégane Fleury
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- wutwhanfoto/istock
Nous ne sommes pas tous égaux face au cancer. Des chercheurs français, issus du service de chirurgie digestive, hépatobiliaire et endocrinienne et du service des maladies du foie de l’hôpital Cochin – Port-Royal AP-HP, de l’université Paris Cité, du Centre Inria de Paris et de l’Inserm, ont mené des travaux sur les conséquences des inégalités sociales sur les patients atteints d’un cancer du foie. Ils se sont précisément intéressés au cancer du foie dit primitif, qui apparaît dans les cellules hépatiques. Leurs travaux ont été publiés dans JHEP Reports.
Quel est l'impact des inégalités sociales sur le taux de mortalité du cancer du foie ?
Pour leurs recherches, les scientifiques se sont appuyés sur les données de plus de 62.000 patients touchés par la maladie, collectées entre 2017 et 2021. Près de la moitié des participants étaient issus de milieux défavorisés. "L’étude visait à évaluer l’impact de la privation socio-économique sur l’accès aux traitements curatifs (chirurgie, transplantation, ablation) et sur la survie des patients atteints de cancer primitif du foie en France", indiquent les auteurs. Ils ont pris en compte les critères suivants pour déterminer le milieu socio-économique des patients : chômage, travail manuel, niveau d’éducation et niveau de revenus. D’après leurs conclusions, les patients issus de milieux défavorisés ont moins souvent accès à des traitements curatifs et présentent un risque de décès plus élevé, "indépendamment de la distance au centre de soins ou de la densité médicale de leur région".
Inégalités et cancer du foie : le lieu de prise en charge compte
En France, près d’un tiers de la population vit dans un désert médical, et cela peut retarder le diagnostic de certaines maladies. "Bien que les patients issus de milieux défavorisés présentaient un cancer primitif du foie plus avancé au moment du diagnostic (54,5 % contre 52,6 %), il n'y avait pas de différence significative dans le taux de maladie à un stade avancé au moment du diagnostic entre les deux groupes (12,9 % contre 13,3 %)", indiquent pourtant les auteurs.
En revanche, ils ont constaté que le type de prise en charge avait un impact sur le taux de mortalité. "Lorsque les patients socialement défavorisés sont pris en charge dans des hôpitaux de référence, leurs chances d’accéder à un traitement curatif sont comparables à celles des patients favorisés, et leur risque de mortalité ne diffère plus", précisent-ils. La notion d'hôpitaux de référence désigne les centres experts, spécialistes du cancer et de sa prise en charge globale. "Ainsi, en centralisant davantage la prise en charge dans des centres spécialisés, il serait possible d’augmenter de 25 % l’accès aux traitements efficaces pour les patients défavorisés et ainsi réduire les inégalités par rapport aux patients favorisés."
Selon eux, cela permettrait de sauver 800 vies chaque année. À l’échelle mondiale, le cancer primitif du foie est la troisième cause de décès par cancer. En France, la maladie était responsable d’environ 8.000 décès en 2018, d’après Santé Publique France.







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