Dépression post-partum

Le suicide, première cause de mortalité après l’accouchement

Le nombre de suicide chez les mères, dans l’année qui suit l’accouchement, est en augmentation en France. 

  • kieferpix/ISTOCK
  • 25 Septembre 2025
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    Un suicide maternel toutes les trois semaines en France. Selon le 7e rapport de l’ENCMM (Enquête Nationale Confidentielle sur les Morts Maternelles), paru en avril 2024, le suicide est la première cause de mortalité des mères dans l’année qui suit la naissance, avant les maladies cardiovasculaires. En France, ce chiffre est en augmentation, au contraire des autres pays européens où il stagne voire régresse.

    Une dégradation de la santé mentale après l'accouchement 

    Un avis du Conseil économique, social et environnemental (CESE), comprenant 23 propositions pour "améliorer la santé des femmes en situation périnatale" a été adopté le 23 septembre. Selon le texte, 10 % des mères présentent un épisode dépressif au cours de leur grossesse, et la dépression du post-partum touche 16,7 % des mères, dans les deux mois suivant l’accouchement. Cette période est aussi marquée par une forte prévalence de l’anxiété dite pathologique. Au cours de son audition par la Délégation aux droits des femmes et à l’égalité CESE, en janvier dernier, la Docteure Sarah Tebeka, psychiatre spécialisée en psychiatrie périnatale, déclarait : "Sur 20 femmes enceintes, deux mois après l’arrivée de leur bébé, une a déjà eu l’idée de se faire du mal au cours de la semaine précédente. On parle ici d’idées suicidaires." Pour elle, la "santé mentale est la principale complication de la grossesse". 

    Suicide chez les mères : un "phénomène grave"

    Sans accompagnement, ces dépressions peuvent conduire au suicide. Pour la Dr Sarah Tebeka, il s’agit d’un "phénomène grave, mais situé en haut de l’iceberg". "S’intéresser à ces suicides permet de voir de nombreux mécanismes pour mieux comprendre pourquoi ces femmes n’ont pas pu avoir accès aux soins qui leur étaient nécessaires, prévient-elle. Cela permet de tirer des conséquences pour éviter ces suicides et diminuer ce taux, mais aussi de façon plus large pour essayer de mieux prendre en charge la majorité des patientes."

    Santé mentale : comment mieux accompagner les mères après l’accouchement ?

    Dans son avis, le CESE défend quatre axes pour améliorer l’accompagnement des mères en post-partum. Elle propose notamment un renforcement des protections maternelles et infantiles (PMI), avec une augmentation des budgets et des effectifs. "Les PMI sont en première ligne pour repérer les risques (dépression, violences, précarité), mais manquent cruellement de moyens", alerte le texte.

    Le second axe concerne la communication autour de la santé mentale des mères afin de mieux informer sur les troubles mentaux en post-partum. Aussi, elle demande un remboursement à 100 % de l’entretien postnatal précoce, actuellement pris en charge à 70 %.

    La troisième assemblée constitutionnelle française conseille aussi d’introduire la "notion d’égalité de responsabilité entre les parents" en plus de l’égalité de droits, avec une réforme du congé paternité. Sa durée actuelle, 28 jours contre 16 semaines pour les mères, est perçue comme un frein à l’égalité.

    Enfin, le CESE recommande de structurer le dispositif des 1.000 premiers jours. Considéré comme "une fenêtre d’opportunité pour agir sur la santé future de l’enfant et le bien-être de la mère", l’organisme reproche un "manque de visibilité, de moyens, et de coordination". Ce dispositif avait été lancé en 2021, après les conclusions d’une commission dédiée. Cette période est considérée comme cruciale dans le développement de l’enfant.

    Ces différentes recommandations du CESE, rapportées par Marie-Josée Balducchi et Anouk Ullern, doivent être maintenant présentées aux pouvoirs publics. 

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