Médicaments

Dérivés de la kétamine : la liste des substances classées "stupéfiants" s’allonge

Face à l'augmentation des cas d’intoxication associés à deux dérivés de la kétamine, appelés O-PCE et DCK, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) les a inscrits sur la liste des stupéfiants.

  • Kittisak Kaewchalun/iStock
  • 07 Aoû 2025
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    L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a inscrit deux nouvelles substances sur la liste des stupéfiants : O-PCE  (ou N-éthyldeschlorokétamine ou 2’-OXO-PCE ou éticyclidone), et DCK (ou deschlorokétamine ou 2’-OXO-PCM ou DXE). Il s’agit de deux dérivés de la kétamine, un produit hallucinogène utilisé en France en anesthésie ou dans le cadre de certaines douleurs chroniques

    Un usage récréatif de la kétamine

    Ces dernières années, l’usage non médical de cette substance a augmenté. Compte tenu de ses propriétés psychotropes (notamment des hallucinations et des états dissociatifs), les dérivés de la kétamine, aussi appelés analogues de la kétamine, sont souvent consommés à des fins récréatives. Ils sont généralement vendus sur internet sous forme de poudre blanche ou de cristaux, ou encore de gélules, de comprimés ou de sprays (utilisés par voie orale, nasale ou rectale).

    Mais cette pratique peut être dangereuse. En 2023, l’ANSM alertait déjà sur les risques de ce mésusage, dont les complications graves - atteintes du foie, des voies biliaires et urologiques - “résultent le plus souvent d’une utilisation prolongée et/ou répétée, qui peut également provoquer une dépendance à la kétamine”. 

    Mais la sensibilisation ne semble pas suffire. Dans un communiqué, l’ANSM note une hausse des intoxications liées aux dérivés de la kétamine et précise les risques d’une telle consommation : “des troubles de la conscience, des mouvements anormaux voire des convulsions, de l’agitation, des hallucinations, une dissociation ou encore des délires de persécution”. 

    L’usage répété entraîne une dépendance et une tolérance au produit. Les consommateurs doivent augmenter les doses pour avoir les mêmes effets, avec un risque d’overdose plus important et potentiellement mortel.

    6 décès liés aux dérivés de la kétamine

    Deux substances sont particulièrement concernés : O-PCE et DCK. “Entre 2017 et 2023, 39 cas ont été rapportés : 13 cas sont associés à la consommation d’O-PCE, 5 cas de DCK et 20 cas avec le 2-FDCK. La majorité de ces cas sont graves (66%), certains ayant nécessité une hospitalisation, précise l’ANSM, citant un rapport d’enquête du centre d’évaluation et d’information sur la pharmacodépendance-addictovigilance (CEIP-A) de Marseille (Bouches-du-Rhône). Sur la période 2020-2023, selon l’enquête DRAMES, il a été identifié 6 cas de décès liés aux dérivés de la kétamine”. Face à cela, l'ANSM a donc décidé de les ajouter à la liste des stupéfiants.

    Cette inscription a pour conséquence d’interdire la production, la vente et l’usage de ces deux substances en France, où 2,6 % des personnes de 18 à 64 ans déclarent avoir déjà consommé de la kétamine au cours de leur vie, selon l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT). 

    Le phénomène ne concerne pas que l’hexagone. Ces deux dérivés de la kétamine avaient déjà été inscrits sur la liste des stupéfiants de plusieurs pays européens comme l’Allemagne, le Royaume-Uni, la Suisse et la République tchèque.

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    JDF