Cardiologie
Insuffisance cardiaque : un cœur de porc génétiquement modifié greffé chez un humain
Un quinquagénaire, insuffisant cardiaque en phase terminale et non-éligible pour une greffe humaine, a reçu pour la première fois au monde une greffe de cœur de porc génétiquement modifié. L'opération a réussi et pourrait ouvrir la voie à de futures transplantations de ce type.
- KentWeakley/istock
C’était sa dernière chance et c’est une première mondiale. Aux États-Unis, un homme en insuffisance cardiaque terminale a été greffé avec un cœur de porc, génétiquement modifié. "C'était soit mourir, soit faire cette greffe", a confié David Bennett, à la veille de son opération.
Ce patient, âgé de 57 ans, était atteint d’une insuffisance cardiaque au stade terminal et, selon les critères traditionnels de greffe, il ne pouvait pas recevoir de greffe cardiaque d'origine humaine du fait de son état. Il ne pouvait pas non plus bénéficier d'une pompe cardiaque au vu de son état. Il a été opéré au centre médical de l’université du Maryland.
Un cœur de porc génétiquement modifié
David Bennett a été admis à l'hôpital plus de six semaines plus tôt à cause d’une arythmie sur insuffisance cardiaque potentiellement mortelle. Il était relié à une machine d'assistance circulatoire extracorporelle, pour rester en vie.
Pour qu’il puisse tolérer cette greffe, les médecins ont utilisé un cœur de porc génétiquement modifié par une société de médecine régénérative (Revivicor). Trois gènes ont été supprimés car ils sont associés à un rejet du greffon lorsqu’ils sont exposés au système immunitaire humain. En parallèle, six gènes humains ont été ajoutés au cœur de porc, pour limiter le risque de rejet.
Trois jours après la transplantation, et encore sous assistance circulatoire, le cœur et le patient se portaient bien : c’est la première fois qu'un cœur animal génétiquement modifié parvient à fonctionner comme un cœur humain sans rejet immédiat par le corps. Au cours des prochaines semaines et mois, David Bennett sera étroitement surveillé.
Une autorisation exceptionnelle
La Food and Drug Administration, l’autorité sanitaire américaine, a accordé une autorisation d'urgence pour cette chirurgie le soir du Nouvel An, grâce à une disposition autorisant les produits médicaux expérimentaux lorsqu’ils sont la seule option disponible pour un patient confronté à une maladie grave ou dont les jours sont en danger.
"Nous restons prudents, mais nous sommes également optimistes quant au fait que cette première intervention chirurgicale au monde offrira une nouvelle option importante pour les patients à l’avenir", estime Bartley P. Griffith, le chirurgien qui a réalisé cette greffe, dans un communiqué.
Une solution pour les milliers de personnes sur liste d’attente ?
Aux États-Unis, plus de 100 000 personnes attendent une greffe, et chaque jour, 17 personnes décèdent sans avoir pu recevoir le précieux organe. Ce nouveau type d’opération pourrait contribuer à réduire la liste d’attente. "Il s'agit d'une chirurgie révolutionnaire qui nous rapproche un peu plus de la résolution de la crise de pénurie d’organes, estime Bartley P. Griffith. Il n'y a tout simplement pas assez de cœurs humains de donneurs disponibles pour répondre à la longue liste de receveurs potentiels."
Ce n’est pas la première fois que ce type de greffe est réalisé : en octobre dernier, une greffe avec un rein de porc a fonctionné. En 1984, Stephanie Fae Beauclair a été le premier enfant à subir une greffe d’organe, provenant d’un animal. Atteinte d’une maladie cardiaque, elle avait reçu le cœur d’un singe, et a pu survivre quelques semaines après l’opération.








