Médecine générale

Troubles du sommeil : la vie moderne ne raccourcit pas les nuits

Pour étudier l'évolution du sommeil à travers les générations, des chercheurs ont observé des membres de tribus aux modes de vie ancestraux. Surprise, Ils ne dorment que 6 heures 25 par nuit.

  • Membres de la tribu San (Jack Somerville/Solent News)
  • 20 Octobre 2015
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    Faites la sieste, dormez au moins sept heures, ne vous couchez pas trop tard… Ces dernières années, les études sur la qualité du sommeil se sont multipliées, ainsi que les bons conseils. Certaines ont même suggéré que le mode de vie moderne, métro-boulot-télévision-dodo, a considérablement raccourci nos nuitées.

    Mais nos ancêtres ont-ils vraiment dormi plus de sept à huit heures ? Une étude parue dans Current Biology se fait fort de briser plusieurs idées reçues. Pour appuyer leur propos, les auteurs ont étudié le rythme de vie de trois tribus vivant selon des rythmes ancestraux.

     

    6 heures 25 de sommeil

    Ils dorment peu, ne font pas la sieste, certains n’ont même pas de mot pour décrire l’insomnie. Les tribus Hazda, chasseurs-cueilleurs de Tanzanie, les San, chasseurs-horticulteurs qui vivent dans le désert du Kalahari (Namibie) et les Tsimane de Bolivie, qui vivent aux pieds de la Cordillère des Andes, ne possèdent pas l’électricité ou d’ordinateur. Et pourtant, ils ne dorment pas plus que nous. En moyenne, ils veillent 3 heures et 20 minutes après le coucher du soleil.

    « Le fait que nous restions debout des heures après le coucher du soleil est totalement normal, et ce n’est pas nouveau, bien que les lumières électriques aient pu étendre cette tendance naturelle à veiller », estime Jerome Siegel, professeur de psychiatrie à l’Université de Californie à Los Angeles.

    En moyenne, les membres des tribus traditionnelles dorment 6 heures 25, avec une légère variation selon la saison. Ils dorment peu, mais sont tout de même en bonne santé, ce qui semble contredire la masse d’études menées sur les populations sédentaires industrialisées : les tribus pré-industrielles souffrent moins d’obésité, d’hypertension artérielle et d’athérosclérose. En revanche, elles sont plus actives sur le plan physique. C’est bien la preuve que le sommeil n’est pas le seul facteur à entrer en ligne de compte.

     

    Rythme régulier

    « Je me sens bien plus à l’aise à propos de mes habitudes de sommeil maintenant que j’ai observé ces tendances », plaisante le principal auteur de cette étude, Gandhi Yetish, qui est également étudiant à l’université du Nouveau-Mexique (Etats-Unis). Finalement, ce serait plutôt le mode de vie moderne qui nous aurait reconnecté avec celui de nos ancêtres. Car l’étude confirme bien une chose : respecter un rythme régulier, dormir dans un espace dont la température est modérée, et s’exposer principalement à la lumière du matin, c’est bénéfique.

     

    Natural Sleep and Its Seasonal Variations in Three Pre-industrial Societies

    Gandhi Yetish, Hillard Kaplan, Michael Gurven, Brian Wood, Herman Pontzer, Paul R. Manger, Charles Wilson, Ronald McGregor, Jerome M. Siegel

     

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