Diabétologie
Diabète de type 1 : hypoglycémies et évènements cardiovasculaires chez les jeunes
Les sujets diabétiques âgés, la survenue d’évènements cardiovasculaires est liée à la présence d’hypoglycémies sévères. Il vient d’être démontré que ce lien existe également chez les sujets jeunes, et ce, encore plus en présence d’atteinte microvasculaire.
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Un lien entre hypoglycémies sévères et évènements cardiovasculaires a été rapporté chez des sujets âgés, mais est moins clair chez des sujets plus jeunes. Une équipe américaine a pu étudier ce lien dans la cohorte du DCCT, constituée de jeunes patients diabétiques de type 1 sans complication cardiovasculaire à l’inclusion. Après un suivi d’environ 30 ans, la survenue d’hypoglycémies sévères est un facteur de risque significatif d’évènement cardio-vasculaire (p<0,05 après mult-iajustement), ce d’autant plus que des complications microvasculaires sont présentes.
L’hypoglycémie sévère, un facteur de risque de cardiopathie ischémique
Parmi les 1,441 patients diabétiques de type 1 suivis, une cardiopathie ischémique est survenue chez 110 des 955 patients (11,5%) avec au moins une hypoglycémie sévère, contre 58 des 486 patients (11,9%) sans hypoglycémie sévère. Cette différence devenait statistiquement significative après ajustement sur l’âge et l’HbA1c moyenne durant le suivi, avec un hazard ratio de 1,67 (intervalle de confiance 1,19-2,23, p = 0,003) pour une cardiopathie ischémique en présence d’hypoglycémies sévères. Cette association restait significative en incluant dans l’ajustement la durée d’évolution du diabète, un score de complication rétinienne (DCCT-ETDRS), et un score de complications diabétiques (DCSI, Diabetes Complications Severity Index), avec à chaque fois une p-value inférieure à 0,05.
Un lien plus fort en présence d’atteinte microvasculaire
A l’inclusion, les patients avaient un âge moyen de 27 ans, avec un très faible risque cardiovasculaire (0,65%). Le DCSI, calculé à l’inclusion, est un score représentant la sévérité de l’ensemble des complications liées au diabète. Dans cette cohorte de jeunes patients exemptés de maladie cardiovasculaire à l’inclusion, le DCSI représente uniquement les complications microvasculaires, côté de 0 à 3.
Dans le modèle multiajusté, le hazard ratio rapporté précédemment augmentait de 1,19 fois pour chaque année d’ancienneté du diabète à l’inclusion, de 1,32 fois pour chaque point du score de rétinopathie, et de 2,21 fois pour chaque point du DCSI. En revanche, le score de risque cardiovasculaire ne modifie pas ce lien entre hypoglycémies sévères et cardiopathie ischémique, qu’il soit calculé à l’inclusion ou en fin d’étude.
De l’intérêt du DCCT
Trente ans après le début du DCCT, cette formidable cohorte, parfaitement phénotypée et suivie, continue d’éclaircir la prise en charge du diabète de type 1. De manière intéressante, les résultats rapportés ici semblent robustes, tous les résultats étant consistants, et résistants à plusieurs ajustements.
Contrairement à cette cohorte de patients diabétiques de type 1, le lien entre hypoglycémies sévères et cardiopathie ischémique était significativement modifié par le risque cardio-vasculaire dans une cohorte de patients diabétiques de type 2 (Veterans Affairs Diabetes Trial VADT). Il faut souligner qu’en plus d’une possible physiopathologie différente selon le type de diabète, cette différence est sans doute liée au jeune âge et au risque cardio-vasculaire relativement faible au sein du DCCT.








