Infectiologie
Covid-19 : les vaccins réduisent de 90% les hospitalisations et les décès
Quatorze jours après la 2ème dose d’un des 3 vaccins les plus utilisés en France, une réduction du risque d'hospitalisation supérieure à 90% est observée dans une vaste étude française en vie réelle, l’étude EPI-PHARE. La courbe des décès est parallèle.
- peterschreiber.media/istock
La vaccination contre le SARS-CoV-2 (Pfizer-BioNTech, Moderna et AstraZeneca) réduit de 90% le risque d'hospitalisations et de décès liés à la Covid-19 chez les plus de 50 ans. Ce sont les premières données de l’étude EPI-PHARE sur 22 millions de français et 7 mois de durée.
Concrètement, « cela signifie que les personnes vaccinées ont 9 fois moins de risque d'être hospitalisées ou de décéder de la Covid-19 que les personnes non vaccinées », a expliqué à l'AFP le Pr Mahmoud Zureik, épidémiologiste à l’ANSM et directeur d’EPI-PHARE*,
La période d’analyse des 2 études, sur 2 classes d’âge, couvre également celle de l’émergence du variant Delta (20 juin-20 juillet 2021). La vaccination semble aussi efficace sur les hospitalisations et les décès face à ce variant plus contagieux, même si on manque encore de recul du fait de la bièveté de la période analysée.
Une étude sur 22 millions de français
Pour évaluer l’efficacité de la vaccination contre les formes graves de Covid-19 (hospitalisations et décès), et dans le cadre du dispositif de surveillance renforcé des vaccins, EPI-PHARE a mené parallèlement deux études en vie réelle en utilisant les données du SNDS (Système National des Données de Santé). L’une a été réalisée chez 15,4 millions de personnes âgées de 50 à 74 ans (7,7 millions vaccinées comparées à 7,7 millions non vaccinées), l’autre chez 7,2 millions de personnes âgées de 75 ans et plus (3,6 millions vaccinées comparées à 3,6 millions non vaccinées). Les deux cohortes ont été suivies jusqu’au 20 juillet 2021.
Chez les personnes vaccinées âgées de 50 à 74 ans, 53,6% (n=4 158 306) avaient reçu le vaccin Pfizer, 7,1% (n=553 676) Moderna et 39,2% (n=3 042 930) AstraZeneca. Chez les personnes âgées de 75 ans et plus, 85,3% (n=3 109 133) avaient reçu Pfizer, 8,7% (n=315 455) Moderna et 6,1% (n=221 156) AstraZeneca. Le 4ème vaccin Janssen ayant été utilisé plus tardivement, ses données peu nombreuses ne permettent pas encore d’être inclues dans l’étude.
Efficacité de tous les vaccins
Les résultats de ces deux études sont très concordants et mettent en évidence l’efficacité importante des trois vaccins étudiés (Pfizer-BioNTech, Moderna et AstraZeneca), contre les formes graves de Covid-19 (hospitalisation pour Covid-19 et décès au cours d’une hospitalisation pour Covid-19), avec une réduction du risque d’hospitalisation à partir du 14ème jour après l’injection de la seconde dose supérieure à 90% dans les deux cohortes et pour chaque vaccin.
Cette réduction est du même ordre de grandeur pour le risque de décès au cours d’une hospitalisation pour Covid-19.
Pas de perte d’efficacité sur 5 mois
L’efficacité de la vaccination sur les formes graves de Covid-19 ne semble pas diminuer au fil du temps sur la période de suivi disponible qui allait jusqu’à 5 mois. En effet, dans la cohorte de 75 ans et plus, elle est de 94% à 5 mois de suivi pour le vaccin Pfizer. Elle est de 97% dans la cohorte de 50 à 74 ans à 4 mois de suivi.
Pour les vaccins Moderna et AstraZeneca, le suivi est trop court pour pouvoir étudier leur effet à 4 ou 5 mois.
Pas de perte d’efficacité avec le variant Delta
Afin d’examiner l’impact du variant Delta, la réduction du risque d’hospitalisation pour Covid-19 a été estimée spécifiquement au cours de la période du début de la circulation du variant Delta en France, soit entre le 20 juin et le 20 juillet 2021. Sur cette période, l’efficacité de la vaccination est de 84% dans la cohorte de 75 ans et plus et de 92% dans la cohorte de 50 à 74 ans.
Cette approche, basée sur une courte période, permet de fournir les premiers éléments sur l’effet des vaccins sur la réduction du risque vis-à-vis du variant Delta, mais elle reste très courte pour être affirmatif. Cependant, ces données sont cohérentes avec d’autres études dans le monde.
La vaccination découple les infections des hospitalisations
En conclusion, même si les contaminations ont ré-augmenté avec l’émergence du variant Delta, les vaccins contre la Covid-19 restent très efficaces avec un effet majeur sur la réduction des risques de formes graves de Covid-19 chez les personnes âgées de 50 ans et plus en France en vie réelle.
Du fait de la plus grande contagiosité du variant Delta et de l’arrivée des températures froides, il va falloir maintenir le port du masque, le lavage des mains et les mesures de distanciation tant que la circulation du virus restera importante sous peine d'un taux de circulation du variant Delta élevé.
En effet, faute d'appliquer correctement ces mesures de distanciation, la Grande-Bretagne reste confrontée à plus de 30 000 contaminations par jour. Même si les hospitalisations restent assez basses du fait du taux de vaccination, elle reste 4 fois plus importantes qu’en France et au moins 10 fois plus importantes qu'en Italie et en Espagne.
La poursuite du suivi EPI-PHARE, la plus large étude en vie réelle dans le Monde, permettra de mesurer l’évolution de l’efficacité sur une plus longue période et de mieux caractériser les effets des vaccins sur le variant Delta... ou un autre variant qui pourrait apparaître cet hiver.
*EPI-PHARE est une structure qui associe l'Assurance maladie (Cnam) et l'Agence du médicament (ANSM).








