Infectiologie
Covid-19 : protection jusqu’à 6 mois chez les personnes infectées
Une étude menée par le CHU de Toulouse auprès de 8 758 soignants montre que près de 97% d’entre eux avaient des anticorps stables ou à la hausse 167 jours après avoir été infectés contre le SARS-CoV-2.
- Meyer & Meyer/iStock
Grande inconnue au début de l’épidémie de Covid-19, la question de l’immunité après une première infection au coronavirus est aujourd’hui mieux connue des scientifiques. Après deux premières études, publiées successivement dans le British Medical Journal et dans la revue Science, et qui estiment l’immunité persistante de 6 à 8 mois après l’infection, le laboratoire de virologie et le service de santé au travail du CHU de Toulouse arrivent à une conclusion similaire.
Leur étude, publiée mercredi 27 janvier dans la revue Clinical Infectious Diseases auprès de professionnels de santé, fait état de la persistance d'anticorps jusqu’à six mois après une première infection.
Une immunité acquise d’au moins 167 jours
Les travaux ont été menés du 10 juin au 9 décembre 2020 après de 8 758 soignants afin de découvrir la prévalence du SARS-CoV-2. "Nous voulions obtenir une photo en sortie de premier confinement sur une population censée avoir été exposée plus fortement au coronavirus que la population confinée", explique au site Ladépêche.fr Chloé Dimeglio, docteur en mathématiques appliquées, biostatisticienne dans le laboratoire de virologie du Pr Jacques Izopet au CHU de Toulouse.
Les prélèvements sanguins ont montré que 276 soignants ont contracté le virus, soit une prévalence faible, de 3%. Parmi eux, certains ont développé une forme symptomatique, d’autres une forme asymptomatique de la Covid-19. Six mois après l’infection (167 jours), les malades ont à nouveau subi des tests sérologiques afin d’évaluer s’ils étaient ou non immunisés contre le SARS-CoV-2. Les résultats sont particulièrement encourageants : 95% des soignants sont porteurs d’anticorps neutralisants, même si tous ne présentent pas les mêmes taux.
"Chez 96,7 % d’entre eux, leur taux d’anticorps neutralisant était soit stable, soit à la hausse, souligne Chloé Dimeglio. Ce qui signifie que l’immunité acquise après une première infection au coronavirus dure au moins six mois et c’est plutôt une bonne nouvelle."
Une immunité naturelle plus faible que celle octroyée par le vaccin
Les chercheurs ont aussi constaté qu’il existait un risque de réinfection. 1,8% des 276 soignants, soit 5 personnes, ont été à nouveau testées positives à la Covid-19. Toutefois, les travaux n’ont pas pu mettre en évidence de lien entre cette réinfection et le taux d’anticorps neutralisants. Parmi les réinfectés, certains présentaient de forts taux, d’autres de faibles. Le taux de protection dû à l’immunité naturelle serait de 84,8% selon les données de l’étude.
Une immunité certes importante, mais qui reste inférieure à celle octroyée par les vaccins à ARN messager développés par Pfizer-BioNTech et Moderna, qui est de 95%. "Donc nous avons intérêt à nous faire vacciner. Et lorsque la Haute Autorité de Santé recommande de se faire vacciner à partir de trois mois après une première infection, c’est cohérent", conclut Chloé Dimeglio.
En France plus de 3 millions de personnes ont déjà eu un test positif à la Covid-19 et on estime qu'un tiers en pus au moins on eu une infection asymptomatique. Avec près de 2 millions de personnes de plus de 60 ans qui auront bientôt reçu une première dose de vaccin, cela fera plus de 10% de personnes au moins partiellement protégées. C'est encourageant.








