Diabétologie
Diabète de type 2 : les cellules productrices d'insuline ne sont pas irréversiblement détruites
Une étude de suivi de diabétiques de type 2 récents, et ayant suivi un régime amaigrissant intense avec une reprise de poids ultérieure minime, montre que la reprise de sécrétion d’insuline par les cellules bêta pancréatiques est possible.
- Mohammed Haneefa Nizamudeen/Istock
Les cellules bêta pancréatiques qui ne produisent pas suffisamment d'insuline chez les personnes souffrant d’un diabète de type 2 (DT2) ne sont pas forcément endommagées de façon définitive au cours des premiers stades de la maladie. A ce stade, une fonction normale de sécrétion de l’insuline par ces cellules pourrait être restaurée via l'élimination de l'excès de graisse intra-cellulaire. Ces résultats sont issus du suivi de l'étude Diabetes Remission Clinical Trial (DIRECT), présentée au congrès de l'American Diabetes Association's (ADA's). Plus d'un tiers des diabétiques de type 2 récents (moins de 2 ans) qui ont participé à un programme intensif de perte de poids ont obtenu une rémission durable de leur diabète.
Une étude sur le DT2 récent
Le diabète de type 2 est une maladie évolutive au fil du temps, et des études antérieures ont suggéré que la destruction des cellules bêta est la cause profonde de réduction progressive de la production d'insuline et de la gravité du diabète de type 2. Les résultats à l’ADA ont analysé la production des cellules bêta au sein d'un sous-groupe de participants de l'étude DIRECT, géographiquement bien déterminé, et qui avaient obtenu une rémission de leur DT2 suite à une perte de poids induite par une restriction de l'alimentation. L'étude a révélé que les cellules bêta ne semblent pas irrémédiablement endommagées au début du diabète de type 2 et que leur fonctionnalité peut être restaurée en éliminant le stress métabolique de l'excès de graisse à l'intérieur des cellules. Ces résultats sont issus de l’analyse de la production d'insuline dans un sous-groupe de malades ayant eu une mesure à l'inclusion (poids de départ), immédiatement après la perte de poids (à cinq mois) et après un suivi d'un et de deux ans.
Une réduction de la glycémie
Les chercheurs ont défini les participants à l’étude DIRECT comme étant « en rémission » si les taux d’hémoglobine glyquée (HbA1c) étaient inférieurs à 48 mmol/mol (6,5 %) et les glycémies à jeun (FPG) étaient inférieures à 126 mg/dl, sans prise d'aucun médicament antidiabétiques. Les chercheurs ont utilisé un Stepped Insulin Secretion Test with Arginine (SISTA) pour quantifier la masse des cellules bêta fonctionnelles (réponse sécrétoire maximale de l'insuline en cas d'hyperglycémie). Les taux de sécrétion d'insuline ont été estimés et les taux d'HbA1c et de glycémie à jeun (FPG) ont été évalués. L'analyse a déterminé que de nombreux membres du groupe qui avaient initialement obtenu une rémission de leur diabète, avec une glycémie capable d'atteindre un niveau non diabétique bien que pas complètement normale, était demeurés en rémission deux ans après l'étude.
Une évaluation de la sécrétion d’insuline
Parmi les 40 personnes qui avaient initialement obtenu une rémission du DT2, 20 sont demeurés en rémission (13 hommes et 7 femmes), 13 ont pris du poids et ont rechuté, et sept n'ont pas obtenu de rémission pendant le suivi. De plus, et par rapport à un groupe témoin de personnes non diabétiques appariées en âge et en sexe, le taux de sécrétion d'insuline maximum des diabétiques du groupe d'intervention DIRECT était comparable après la perte de poids. La sécrétion d’insuline dans le groupe des participants est passée d'une médiane de 0,58 nmol/min/m2 au départ à 0,94 nmol/min/m2 après 2 ans, alors que le groupe témoin avait un taux médian de sécrétion d'insuline de 1,02 nmol/min/m2 à 24 mois.
Une reprise de la fonction des cellules bêta
DIRECT est la dernière d'une série d'études visant à tester l’intérêt d'une chute spectaculaire de la graisse hépatique et d'une diminution significative des niveaux de graisse intra-pancréatique à la suite d'une perte de poids de 16,5 kg (33 livres) avec un rétablissement de certaines fonctions des cellules bêta chez les personnes atteintes de diabète de type 2.
En 2016, les scientifiques avaient rapporté que le maintien d'un poids faible pendant neuf mois après une période de perte de poids importante pouvait contribuer à la récupération des cellules bêta chez des patients âgés de 20 à 65 ans, et ayant une masse corporelle entre 27 et 45 kg/m 2, et un DT2 d'une durée maximale de 6 ans.
« Nos recherches expliquent la récupération fonctionnelle des cellules bêta pancréatiques observée même en cas de diabète de type 2 avéré. Il est tout aussi important, cependant, de constater que la récupération fonctionnelle de ces cellules bêta peut être réalisée en soins primaires et conformément aux recommandations actuelles » a déclaré le Pr Roy Taylor, de l’université de Newcastle et co-auteur de l’étude DIRECT.








