Cardiologie
QT long : le jus de pamplemousse expose au risque d'arythmie
Le jus de pamplemousse pourrait favoriser le développement d’une arythmie cardiaque chez les patients à risque souffrant du syndrome du QT long.
- Angela Kotsell/iStock
Le syndrome du QT long concerne près d’une naissance sur 2 500 et se manifeste par l'allongement de l’intervalle entre le début de l’onde QRS et la fin de l’onde T. Au-delà de 440 millisecondes, on parle de "QT long" qui expose à un risque important de fibrillation ventriculaire et de mort subite. Généralement découvert à l’occasion d’un malaise ou d’une syncope, le syndrome du QT long doit conduire les personnes qui en souffrent à éviter certaines substances comme les boissons énergisantes, mais aussi le jus de pamplemousse.
Celui-ci figure déjà sur la liste des substances à éviter lors de la prise de médicaments, car il en augmente la toxicité. Une nouvelle étude, publiée dans Heart Rhythm, le journal officiel de la Heart Rhythm Society et de la Cardiac Electrophysiology Society, confirme qu’il est d’autant plus néfaste qu’il a des effets sur l’allongement sur l’intervalle QT.
Un blocage des canaux IKr
Il existe plus de 200 médicaments qui prolongent l'intervalle QT et la liste comprend non seulement les antiarythmiques, mais aussi les médicaments sans indications cardiaques comme certains antibiotiques, les antihistaminiques et les antipsychotiques. Ces médicaments agissent principalement en bloquant un canal potassique "IKr" spécifique sur la membrane cellulaire du myocarde (le muscle cardiaque), prolongeant ainsi la repolarisation des ventricules du cœur.
Certains aliments peuvent aussi avoir des propriétés de blocage du canal IKr. C’est le cas du jus de pamplemousse. "Des études antérieures ont montré que les composés flavonoïdes contenus dans le jus de pamplemousse ont des propriétés de blocage des canaux IKr. Nous avons donc testé la possibilité que le jus de pamplemousse ait des propriétés prolongeant le QT", explique Sami Viskin, qui a dirigé les travaux.
30 volontaires en bonne santé et 10 patients atteints du syndrome congénital du QT long ont participé à une étude approfondie de quatre jours. Le premier et le troisième jour, les participants n'ont reçu aucun médicament à l'étude et ont subi de multiples électrocardiogrammes (ECG) pour vérifier la variabilité quotidienne spontanée de l'intervalle QT. Le deuxième et le quatrième jour, les participants en bonne santé ont reçu soit une dose de 400 mg de moxifloxacine, un antibiotique aux propriétés d’allongement de l’intervalle QT, soit du jus de pamplemousse (deux litres en trois doses fractionnées à des heures d'intervalle) dans un ordre aléatoire. Les patients atteints du syndrome du QT long n'ont reçu que du jus de pamplemousse.
Mieux informer les patients
Les résultats ont bien confirmé que le jus de pamplemousse prolonge l’intervalle QT. Chez les volontaires sains, l'allongement net de l'intervalle QT était faible, mais comparable à celui causé par la moxifloxacine. L'allongement de l'intervalle QT induit par le pamplemousse est plus important chez les femmes que chez les hommes et encore plus chez les patients atteints du syndrome du QT long congénital.
Pour le Dr Viskin, ces résultats confirment les effets néfastes du jus de pamplemousse sur la santé des personnes souffrant du syndrome du QT long. Cette boisson doit donc selon lui faire l’objet de mises en garde particulières. Il recommande aussi de mieux informer les patients sur le fait que leur consommation de jus de pamplemousse peut présenter un risque pour leur santé cardiaque.








