Cardiologie
Anti-agrégants plaquettaire : plus le prix augmente, moins les patients suivent leur traitement
L’augmentation des prix des anti-agrégants plaquettaires (inhibiteurs P2Y12) a été responsable d’une diminution de la prise de ces traitements, pourtant essentiels après la mise en place de stents, compromettant ainsi le résultat de ce genre d’opération.
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Les stents sont de petits ressorts en métal, placés dans les artères pour éviter qu’elles ne se bouchent. Les anti-agrégants plaquettaires font partie des anticoagulants, mais leur action n'est pas la même que pour les anticoagulants proprement dits. En effet, ces molécules sont des substances médicamenteuses ou naturelles, qui s'opposent à la coagulation du sang, alors que les anti-agrégants plaquettaires s'opposent à l'agrégation des plaquettes et, du même coup, diminuent la coagulation sanguine.
Selon des chercheurs récemment publiés dans le Journal of the American Medical Association (JAMA), l’augmentation des prix des anti-agrégants plaquettaires (inhibiteurs P2Y12)a été responsable d’une diminution de la prise de ces traitements, pourtant essentiels après la mise en place de stent, compromettant ainsi le résultat de ce genre d’opération. Cela pose la question du relais rapide (2 mois) de ce type de traitement hors de prix par un anti-agrégant moins cher et génériqué, même si aucune étude randomisée n’a encore été faite sur le sujet.
Le marché américain a été saturé d’inhibiteurs P2Y12 plus coûteux
Une fois que le marché américain a été saturé d’inhibiteurs P2Y12 plus coûteux, le pourcentage de patients ne prenant pas d’anti-agrégants plaquettaires après une intervention coronarienne percutanée (ICP)* est passé de 6% à 19%. "L'augmentation de la prescription d'agents plus récents et plus coûteux peut affecter les disparités en matière de santé, en exposant les patients dont le statut socioéconomique est faible à un risque accru d'événements cardiovasculaires indésirables en avale", note l'auteur principal de l’étude Elias J. Dayoub.
Pour parvenir à ces conclusions, l’équipe étudié les dossiers médicaux 55 340 patients ayant reçu une ICP de 2008 à 2016. Les scientifiques voulaient savoir si les membres de cette cohorte étaient fidèles aux médicaments initialement prescrits et dans quelle mesure ils ont poursuivi le traitement sur des périodes de six et douze mois.
La proportion de patients qui remplissent une ordonnance pour un inhibiteur de P2Y12 a chuté à 81%
Prescrit dans 99% des cas, les inhibiteurs P2Y12 sont les pierres angulaires des soins post-PCI. Le Prasugrel a été approuvé par la FDA en juillet 2009, tandis que ticagrelor a reçu l'approbation de la FDA en juillet 2011. En 2008, avant que ces médicaments ne soient disponibles, les chercheurs ont découvert que 93,6 % des patients prenait du clopidogrel dans les 30 jours suivant l'ICP. Mais en 2016, la proportion de patients prenant un inhibiteur de P2Y12 a chuté à 81%.
Les patients qui prenaient du clopidogrel étaient les plus susceptibles d'adhérer à ce traitement à long terme, ayant accès au médicament 85% du temps sur une période de six mois et 76% du temps sur une période de 12 ans. La proportion de jours couverts par les prescriptions de prasugrel et de ticagrelor sur une période d'un an était respectivement de 71% et de 68%.
550$ par an
Les auteurs ont aussi calculé que la quote-part moyenne du clopidogrel était de 251$ pour un an, comparativement à plus de 550$ pour les autres médicaments. "La prescription accrue des nouveaux inhibiteurs P2Y12, plus coûteux, peut contribuer à augmenter la non-adhérence primaire au traitement", écrivent les chercheurs.
L’étude exclut les patients âgés de plus de 64 ans, de sorte que les résultats ne peuvent pas s'appliquer aux populations plus âgées.
*L’intervention coronarienne percutanée (ICP, autrefois appelée angioplastie et pose de tuteur) est une intervention non chirurgicale effectuée à l’aide d’un cathéter (un long tube flexible) destinée à mettre en place une petite structure appelée tuteur afin de maintenir ouvert un vaisseau sanguin du cœur rétréci par l’accumulation de plaque, un problème appelé athérosclérose.








