Cardiologie
Attentats : une hausse des hospitalisations pour troubles cardiaques
Il y a un an, au moment des attentats, les Français ont souffert psychologiquement, mais aussi physiquement. Certains ont décompensé des atteintes cardiaques entraînant une élévation des hospitalisations, constatée à Toulouse et publiée dans Clinical Research in Cardiology.
- Thibault Camus/AP/SIPA
Les grands évènements stressants ont des répercussions psychologiques à court ou long terme, mais aussi somatiques. Preuve en est, une fois de plus, ce qui s’est passé l’an dernier en France au moment des attentats de Charlie hebdo et de l’Hyper Cacher. Une équipe toulousaine a montré une augmentation des hospitalisations pour problèmes cardiaques, au moment des attentats de janvier 2011. Ces observations ont fait l’objet d’une étude parue dans la revue Clinical Research in Cardiology.
Tout est parti d’une simple constatation un matin de janvier, où le médecin de garde à la clinique Pasteur à Toulouse a trouvé que l'équipe travaillait franchement beaucoup plus que d'habitude. C'est ainsi que l'idée d'observer cette progression est née et a généré une étude observationnelle qui a comparé les admissions au mois de janvier 2015 à ceux des 2 années précédentes, et en particulier sur les 3 jours d’attaques terroristes, les 7 , 8 et 9 janvier. Un pic d’hospitalisations est bien apparu sur ces 3 jours, puis il y a eu un retour à l’activité de base dès la quatrième journée. Et cette variation allait bien au-delà des fluctuations saisonnières. Selon le Pr Atul Pathak, cardiologue à la clinique Pasteur à Toulouse :"Il y a eu augmentation significative des hospitalisations pour syndromes coronariens aigues, pour décompensations d'insuffisance cardiaque et troubles du rythme auriculaire ou ventriculaire.

En fait, durant les trois jours d’attaques terroristes, les auteurs ont noté une augmentation de 75% des hospitalisations pour troubles cardiaques. Plus surprenant, ils ont aussi noté deux cas de Tako-Tsubo, cette sidération myocardique qui survient très brutalement sur cœur sain, mais chez des personnalités très anxieuses. Dénominateur commun à tous ces troubles cardiaques, les conditions de survenue devant les écrans télé qui transmettaient en direct les évènements.

Cependant ces résultats sont à pondérer dans la mesure où l'étude est observationnelle, monocentrique, sur un petit effectif. De plus, il n’y a pas eu de comparaison avec ce qui a pu se passer dans d’autres villes à la même époque, élément qui sera pris en compte, de même que les conséquences des attentats de novembre 2015, dans une autre étude prochainement publiée.
Des patients jeunes
Mais ce qui est sûr, c’est que de tels évènements cardiaques ont également été observés lors des attentats du 11 septembre de 2001, au moment de la coupe du monde de foot en 2006 en Allemagne, ou tout récemment pendant la coupe du monde et en particulier au moment des buts, ou encore pendant des tremblements de terre. Mais ce qui est différent cette fois-ci est l’age des patients : la moyenne d'age était en effet de 10 ans inférieure à celle le plus souvent observée pour ces différentes pathologies.
Hyperadrénergie
Quant au mécanisme, on évoque le stress mental aigu avec activation extrème du système nerveux sympathique qui, par un impact à la fois vasculaire et rénal, va déséquilibrer une situation cardiovasculaire précaire. Ecoutez les précisions de Claire Mounier Véhier, présidente de la Société Française de Cardiologie. Sur des coronaires lésées, l'accélération de la fréquence et l'hyperactivité sympathique peuvent provoquer des fissurations des plaques d'athérome.

Reste à savoir si le stress est aujourd’hui considéré comme un facteur de risque de maladie cardiovasculaire. L’étude Inter Heart a répondu il y a plusieurs années à cette question. Cette étude évaluait les facteurs de risque de l’infarctus et le stress arrivait en trisième position derrière le tabac et l’hypercholestérolémie et avait un impact plus fort chez la femme. Mais il s’agissait là de stress chronique. Pour Claire Mounier Véhier, le stress chronique va favoriser le développement progressif d'une insulinorésistance et la sécrétion de facteurs pro-inflammatoires qui vont accélérer la rigidification des artères et des troubles métaboliques.

Pour prévenir ce stress aigu, la solution est très simple : tout simplement en s’éloignant des situations anxiogènes, en ne se mettant pas devant des informations traumatisantes qui plus est, tournent parfois en boucle!








