Allergologie
Vitamine D : pas d’impact d’un déficit sur l’apparition d’un asthme ou d’une atopie
En dépit d’une puissance statistique élevée, une étude génétique n’apporte aucune preuve d’un lien entre taux de 25OH vitamine D et risque d’asthme ou d’atopie.
- alexraths/epictura
Dans une étude de randomisation Mendélienne, puissante pour éliminer les biais épidémiologiques, une équipe de chercheurs de l’Imperial College à Londres, ne trouve aucune association statistiquement significative entre une réduction génétiquement déterminée des niveaux de 25OH vitamine D et un risque accru d'asthme, de dermatite atopique ou d'IgE sérique totale élevée.
Aucun des quatre allèles abaissant la 25OH vitamine D n’est associé à un asthme, à une dermatite atopique ou à une élévation des taux d'IgE (p ≥ 0.2). Les résultats de cette étude sont publiés dans PLOS Medicine.
Une randomisation basée sur la susceptibilité génétique
L’équipe de chercheurs a utilisé la technique de la randomisation Mendélienne, basée sur l’analyse d’une susceptibilité génétique à un taux physiologique abaissé en 25OH vitamine D. Cette technique limite considérablement les biais, et permet de mieux comprendre si les niveaux de vitamine D sont associés à un risque plus élevé d'asthme de l’adulte et de l’enfant, de dermatite atopique ou d'élévation des taux d'IgE.
L'étude a utilisé des données provenant de la UK Biobank et des consortiums sur l'eczéma SUNLIGHT, GABRIEL et EAGLE. En utilisant quatre polymorphismes nucléotidiques (SNP) fortement associés aux niveaux sériques de 25 hydroxyvitamine D (25OH vitamine D) chez 33 996 personnes, des analyses de randomisation Mendélienne ont été menées pour estimer l'effet d’un taux réduit de 25OH vitamine D sur le risque d'asthme chez l’adulte (n = 146,761), l'asthme de l'enfance (n= 15 008), la dermatite atopique (n = 40,835) et le taux élevé d'IgE (n = 12 853).
En pratique
Des études épidémiologiques observationnelles avaient signalé des associations entre des taux faibles de vitamine D et un risque majoré d'asthme, de dermatite atopique et de taux élevés d'immunoglobuline E (IgE). Cependant, ces études épidémiologiques sont soumises à de nombreux biais et au phénomène de la « causalité inverse » qui perturbent la validité des liens observés. Les essais randomisés contrôlés de supplémentation vitaminiques publiés sur ce sujet sont par ailleurs peu concluants.
Malgré une puissance statistique élevée, cette étude de randomisation Mendelienne ne met pas en évidence une association entre les taux sériques bas de 25OH vitamine D et les risque d’asthme ou d’atopie. Une limite de cette étude est qu’elle n’analysait pas les taux de 1,25-dihydoxyvitamine D, la forme active de la vitamine D, et que les résultats ne peuvent donc exclure une association entre les risques étudiés et les taux de 1,25-dihydoxyvitamine D. De plus, les analyses ont été limitées aux populations caucasiennes d'ascendance européenne.
Les résultats de cette étude intéressante suggèrent que les associations épidémiologiques précédemment décrites entre les taux bas de vitamine D et le risque élevé de maladies atopiques pourraient être dues à des facteurs confondants. Les tentatives pour augmenter les taux de vitamine D dans la population générale sont louables mais n'aboutiront donc probablement pas à diminuer le risque d'asthme chez l’adulte et l’enfant, de dermatite atopique ou d'élévation des taux d'IgE.








