Pneumologie

Segmentectomie pour les tumeurs de 2 à 3 cm : prudence et strict choix des patients

La segmentectomie pourrait être une alternative à la lobectomie dans les cancers bronchopulmonaires non à petites cellules de 2 à 3 cm après un choix strict des patients pouvant en bénéficier et en restant très prudent, notamment avec l’histologie. D’après un entretien avec Agathe SEGUIN-GIVELET.

  • 02 Octobre 2025
  • A A

    Une étude dont les résultats sont parus en juin 2025 dans CHEST, a cherché à évaluer la survie des patients atteints de cancers bronchopulmonaires non à petites cellules, non métastatiques, avec de tumeurs entre 2 et 3 cm, en comparant ceux traités par lobectomie et ceux traités par segmentectomie. Pour cela , les auteurs ont inclus les patients issus de la base de données nationale sur le cancer entre 2010 et 2020, ayant subi une segmentectomie ou une lobectomie pour un cancer pulmonaire non à petites cellules classé cliniquement T1cN0M0. Pour limiter  les biais de sélection, seuls les patients ne présentant aucune comorbidité ont été inclus. La survie globale a été comparée entre les deux types d'intervention chirurgicale (segmentectomie vs lobectomie). Au total, 12 814 patients ont été inclus, d’entre eux ont bénéficié d’une segmentectomie, tandis que 12 288 ont subi une lobectomie.

     

     

    Il faut rester prudent pour être oncologiquement valable

    Le docteur Agathe SEGUIN-GIVELET, chirurgien thoracique et cardiovasculaire, dans le département thoracique de l’Hôpital Ambroise Paré, à Paris, rappelle que la segmentectomie est une technique opératoire déjà validée par plusieurs travaux pour les tumeurs inférieures à 2 cm. Elle précise que, pour les tumeurs comprises entre 2 et 3 cm , il convient de rester prudent et surtout d’avoir une histologie en pré-opératoire, car pour les formes micro- papillaires, il est nécessaire de rélaiser une lobectomie en raison du risque majoré de diffusion endo-alvéolaire de la tumeur (STAS). Elle souligne que peu d’anatomopathologistes sont capables de dire en péri-opératoire si la tumeur et micro-papillaire et présente un risque de STAS. De plus, l’évaluation du statut ganglionnaire per-opératoire est indispensable, l’acquisition des marges de sécurité étant plus difficile en l’absence de vérification ganglionnaire extemporanée. Agathe SEGUIN-GIVELET insiste sur le fait qu’une segmentectomie associée à un curage ganglionnaire sans vérification extemporanée est oncologiquement non valable.

     

    Un cadre strict pour la sélection des patients

    Agathe SEGUIN-GIVELET rappelle que l’économie du parenchyme pulmonaire est de plus en plus recherchée mais qu’il faut encore faire preuve d’une grande prudence. La segmentectomie peut être envisagée pour des tumeurs périphériques, avec une marge de sécurité suffisamment large, un examen extemporané des ganglions et en cas de cancer histologiquement lentement évolutif. Pour les patients chez qui la lobectomie est contre-indiquée, la segmentectomie est alors envisagée, car elle reste préférable à la radiothérapie. Elle représente une alternative intéressante pour les patients borderline. Agathe SEGUIN-GIVELET précise que la décision est toujours prise en réunion de concertation pluridisciplinaire. Pour finir, elle ajoute que les recommandations ont validé la segmentectomie pour les tumeurs de moins de de2 cm, périphériques, sans atteinte de la plèvre viscérale et avec des ganglions contrôlées, ce qui nécessite un cadre strict dans la sélection des patients.

     

    En conclusion, la segmentectomie pour traiter les cancers bronchiques non à petites cellules de 2 à 3 cm est possible mais l’indication doit rester prudente, très encadrée et discutée en réunion de concertation pluridisciplinaire, même si l’avenir tend vers l’économie du parenchyme pulmonaire.

    Pour laisser un commentaire, Connectez-vous par ici.