Pneumologie
Asthme : l’expression des gènes dans le sang permet d’identifier les formes sévères de la maladie
La recherche du profil d’expression génique dans le sang permet de distinguer les différentes formes d’asthme et d’imaginer de nouvelles pistes thérapeutiques.
- ©123RF-Olexandr Troshchylo
Il existe des différences d’expression des gènes dans les cellules circulantes sanguines entre les personnes asthmatiques et les non asthmatiques. Cette découverte a été faite dans le cadre de la cohorte U-BIOPRED, un projet européen d’étude de l’asthme sévère.
Pour parvenir à ce résultat, les chercheurs ont analysé l’expression génique dans l’ARN des cellules du sang périphérique, essentiellement des leucocytes, de 610 sujets asthmatiques et contrôles. Cette cohorte comprenait des asthmatiques sévères, divisés en fumeurs et non fumeurs, des malades avec des asthmes légers et modérés et des personnes non asthmatiques.
Cibler d’autres processus inflammatoires
Les auteurs ont ainsi trouvé des différences d’expression génique particulièrement marquées entre les malades asthmatiques sévères et les sujets témoins. Elles se manifestent surtout sur les gènes exprimés par les globules blancs. Cette expression est augmentée dans les gènes qui règlent le chimiotactisme, la migration et la circulation des cellules myéloïdes, alors qu’il y a une diminution de l’expression des gènes impliqués dans le développement lymphocytaire B, dans les cellules progénitrices et dans l’hypoplasie des organes lymphoïdes.
Chez les asthmatiques sévères, on a donc l’impression qu’il existe un déséquilibre marqué qui favorise les cellules polynucléaires neutrophiles et éosinophiles aux dépens des cellules lymphocytaires B.
Tenter de différencier l’expression des gènes, c’est aussi pour les chercheurs explorer de nouvelles pistes thérapeutiques en cherchant à cibler d’autres processus inflammatoires que ceux visés actuellement.
Réponse à la corticothérapie orale
Cette étude avait un deuxième objectif, celui de déterminer le phénotype des malades de la cohorte seulement par l’expression des gènes. Les chercheurs ont ainsi réussi à identifier deux groupes de patients : un groupe nommé « enrichi en asthme sévère » et un groupe mixte réunissant tous les asthmes légers à modérés, les sujets contrôles et quelques asthmes sévères. Dans le groupe « enrichi en asthme sévère », ils ont trouvé des malades sous corticothérapie orale qui expriment des gènes différents de ceux de l’autre groupe.
Les auteurs pensent donc que l’expression génique permet de distinguer les asthmatiques sévères qui répondent à la corticothérapie par voie générale de façon différente de la classification classique de sévérité de la maladie.
D’après un entretien avec le Pr Agnès Hamzaoui, pneumologue, Hôpital de Lariana à Tunis









