Cardiologie

HTA : réduction de 27% de la mortalité avec un objectif à 120 mm Hg

Un traitement agressif de l'HTA avec un objectif-cible de PAS à 120 mm Hg réduit chez les non diabétiques, la mortalité cardiovasculaire de 43% et la mortalité globale de 27%, par rapport à une cible de 140 mmHg. Tels sont les résultats de l'étude SPRINT publiés dans le NEJM.

  • Darron Cummings/AP/SIPA
  • 30 Novembre 2015
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    Lower est-il better ? La question s’était déjà posée pour la glycémie, elle est maintenant d’actualité pour les objectifs tensionnels. L’étude SPRINT présentée au dernier congrès de l’AHA et publiée dans le NEJM, accompagné d'un éditorial, montre qu’un traitement agressif de l’HTA avec comme objectif 120 mm Hg pour la systolique, réduit chez les plus de 50 ans non diabétiques, le risque d’évènements cardiovasculaires et la mortalité des hypertendus.

    Pour diminuer le risque d’évènements cardiovasculaires chez des patients hypertendus non diabétiques, il suffit de faire baisser, mais de façon drastique, les chiffres tensionnels. L’objectif est ambitieux : 120 mm Hg pour la systolique. Et le résultat est étonnant : diminution de 25% du risque relatif d’évènements cardiovasculaires, de 43% celui de la mortalité cardiovasculaire et de 27% celui de la mortalité globale. Des chiffres qui ont justifié l’interruption prématurée de l’étude SPRINT après 3 ans de suivi, alors qu’elle était prévue pour en durer 5.

    Une étude du NIH

    Menée par le NIH, SPRINT a inclus 9361 Américains, de plus de 50 ans. Pas de diabétiques dans cette population qui était dépourvue également d’antécédents d’AVC. Cependant tous étaient des patients à risque, puisqu’ils avaient, outre leur HTA, un autre facteur de risque cardiovasculaire tel qu’une atteinte rénale chronique, une affection cardiovasculaire clinique ou subclinique, ou plus de 75 ans…
    A noter que l’étude est menée en ouvert : elle est donc moins rigoureuse qu’un essai randomisé en double aveugle, le choix des traitements antihypertenseurs étant laissé à l’appréciation des médecins traitants.

    2 bras selon les objectifs tensionnels, l’un à 120, l’autre à 140 mm de Hg

    Dans le bras à 120, les patients ont reçu en moyenne 3,8 médicaments différents et un de moins, soit 1,8 dans le groupe standard.
    Au niveau des chiffres tensionnels, dans le groupe traitement intensif, la moyenne de la TA a été de 121,5 mm Hg contre 134,6 dans le groupe standard.
    Reste à savoir quel est le prix à payer pour ce bénéfice réel. Toute la discussion est là bien évidemment et la 1ère chose à laquelle pense le Pr Jacques Blacher, unité HTA, Hôtel Dieu à Paris est l’hypotension orthostatique.

    Ecoutez...
    Pr Jacques Blacher : il faut absolument repérer une hypotension orthostatique.

     D’où la nécessité de prendre la TA debout. Toutefois, le bilan de l’étude SPRINT est très positif , malgré des risques fort bien évalués, constate Jacques Blacher.

      

    Ecoutez...
    Pr Jacques Blacher : la balance bénéfice-risque est vraiment favorable.

    Sur le critère principal, on retrouve une diminution d’un quart de la mortalité globale, et ce, indépendemment de l’âge, que les patients aient plus ou moins de 75 ans. Des résultats obtenus avec des doses relativement importantes de diurétiques pour le Pr Jean-Jacques Mourad, du Centre d’exploration HTA à l’hôpital Avicenne à Bobigny.

    Ecoutez...
    Pr Jean-Jacques Mourad : la prescription très importante de diurétiques a " essoré " les patients et entraîné une diminution des insuffisances cardiaques.

     
    Donc à qui donner ces traitements aujourd’hui ? Ecoutez la réponse de Jacques Blacher.

    Ecoutez...
    Pr Jacques Blacher : il ne faut pas aller top vite en besogne bien que cette étude montre pour la 1ère fois qu'un objectif ambitieux améliore la mortalité.


    Même impression recueillie auprès de Jean-Jacques Mourad pour qui cet essai mérite d’être confirmé.

    Ecoutez...
    Pr Jean-Jacques Mourad : cibler moins de 130 mmHG chez tout le monde est actuellement prématuré, mais tendre vers ces objectifs est plus intéressant.


     Parce qu’effectivement , toujours pour le Pr Mourad, l’ étude SPRINT tombe dans une ambiance de septicisme vis-à vis de la réalité de la maladie hypertensive.

    Ecoutez...
    Pr Jean-Jacques Mourad : la vraie leçon de Sprint : faisons taire les "tensio-septiques"!

      

     

     

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