Santé mentale

Téléphone : supprimer les réseaux sociaux ne suffit pas à décrocher

Les habitudes numériques ont la vie dure : supprimer les réseaux sociaux pendant une semaine améliore certes la santé mentale des jeunes, mais ne réduit pas pour autant le temps passé sur leur téléphone, selon des chercheurs.

  • Urupong / istock
  • 25 Novembre 2025
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    Faire une pause avec les réseaux sociaux ne signifie pas toujours éteindre son téléphone et sortir de chez soi. C'est l’enseignement surprenant d’une nouvelle étude américaine publiée dans JAMA Network Open : chez les jeunes adultes, une semaine sans Facebook, Instagram, Snapchat, TikTok ni X ne rime pas forcément avec plus de randonnée, de lecture ou de sociabilité. Au contraire, le temps passé sur leur téléphone a légèrement augmenté.

    Une détox numérique... sans véritable déconnexion

    Menée par le Beth Israel Deaconess Medical Center, un centre hospitalier associé à l’école de médecine de Harvard, la recherche a suivi 295 participants âgés de 18 à 24 ans, grâce à un suivi passif de leur smartphone. Résultat : après avoir réduit leur consommation de réseaux sociaux de 1,9 heure à 30 minutes par jour en moyenne, les participants ont paradoxalement augmenté leur temps global d'écran de quinze secondes, et passé en moyenne 43 minutes de plus par jour à la maison.

    Les chercheurs notent que cette hausse reste modeste au regard des variations naturelles des habitudes quotidiennes, mais elle souligne un fait marquant : "Supprimer les médias sociaux ne suffit pas à provoquer des changements de mode de vie", précisent-ils dans un communiqué. Sans plan concret pour occuper le tempslibéré, la "détox" ne change pas fondamentalement les habitudes.

    Toutes les plateformes n’ont pas été abandonnées avec la même facilité. Près de 68 % des participants ont continué à utiliser Instagram et 49 % Snapchat. En comparaison, TikTok a vu une baisse de 64 %, tandis que Facebook et X ont affiché les meilleurs taux de sevrage, avec 73 % et 82 %. Pourquoi cette différence ? Parce que certaines applis, comme Instagram ou Snapchat, reposent sur des interactions sociales directes et des systèmes de conversations continues, difficiles à interrompre.

    Un mieux-être mental malgré tout

    Si les comportements n’ont pas radicalement changé, la santé mentale, elle, s’est améliorée : -25 % de symptômes dépressifs, -16 % d’anxiété et -14 % d’insomnie. D’après les scientifiques, ce mieux-être est davantage lié à une diminution des comportements toxiques – comparaison sociale, usage compulsif – qu'à la baisse du temps passé en ligne. Avec ce sevrage numérique, en revanche, la solitude n'a pas reculé, révélant le rôle ambivalent des réseaux sociaux : sources de mal-être mais aussi vecteurs de lien social.

    Cette recherche pointe les limites des discours qui prônent simplement de réduire le temps d'écran. En effet, deux personnes peuvent passer autant d’heures par jour sur leur téléphone, mais vivre des expériences radicalement différentes. Autrement dit, l'impact vient moins du temps passé que de la manière d'utiliser ces outils.

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