Oncologie
Bientôt des nanogouttes nasales pour traiter les tumeurs cérébrales ?
Chez les souris, une nanothérapie administrée par voie nasale reprogramme le microenvironnement immunitaire du glioblastome, ce qui stimule l'immunité antitumorale et entraîne la destruction de la tumeur.
- Par Geneviève Andrianaly
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- gorodenkoff/iStock
Atteindre le cerveau et cibler une tumeur sans chirurgie invasive, ce serait possible grâce à une nanothérapie administrée par voie nasale. C’est ce qu’ont montré des chercheurs de l’université Washington à Saint-Louis (États-Unis) dans une récente étude. Ces derniers sont partis d’un constat : le glioblastome, qui progresse rapidement et presque toujours mortelle, est difficile à traiter. « L'un des principaux obstacles à son traitement réside dans la difficulté d'acheminer efficacement le médicament jusqu'au cerveau. » Afin de changer la donne, l’équipe a voulu développer un traitement invasif qui active la réponse immunitaire pour attaquer cette maladie se développant à partir des astrocytes, un type de cellule cérébrale. Problème : le glioblastome est souvent qualifié de "tumeur froide" car il ne provoque pas naturellement de forte réponse immunitaire.
Des nanostructures administrées par voie nasale activent la voie STING
Pour stimuler une voie de signalisation, appelée STING (stimulateur des gènes de l'interféron), qui s'active lorsque les cellules détectent de l'ADN étranger puis déclenche les défenses immunitaires, l’équipe a développé des nanostructures, appelées acides nucléiques sphériques, à partir de matériaux extrêmement petits, capables de transporter de puissants composés anticancéreux jusqu'au cerveau par de simples gouttes nasales. Ensuite, les auteurs ont testé l’efficacité de ce traitement capable de reprogrammer le microenvironnement immunitaire immunosuppresseur sur des souris présentant une tumeur au cerveau.
Après avoir administré les nanogouttes à des souris atteintes de glioblastome, les scientifiques ont observé la migration des particules le long du nerf facial principal. Une fois sur place, la réponse immunitaire déclenchée par le traitement s'est concentrée dans des cellules immunitaires spécifiques au sein de la tumeur. "Une certaine activité a également été détectée dans les ganglions lymphatiques voisins. Point important, le traitement ne s'est pas diffusé dans tout l'organisme, réduisant ainsi le risque d'effets secondaires indésirables." D’après les résultats, parus dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences, les cellules immunitaires présentes dans et autour de la tumeur ont activé la voie STING, ce qui a permis de lutter plus efficacement contre le glioblastome.
Glioblastome : combiner les traitements pour éliminer les tumeurs et prévenir les récidives
Quand la nanothérapie est associée à des médicaments activant les lymphocytes T, un autre type de cellule immunitaire clé, le traitement à deux doses a permis d'éliminer les tumeurs chez les souris et d'induire une immunité durable, empêchant ainsi la récidive du cancer. "Cette approche est porteuse d'espoir pour des traitements plus sûrs et plus efficaces contre le glioblastome et potentiellement d'autres cancers résistants à l'immunothérapie. Elle représente une étape cruciale vers une application clinique", a conclu Alexander H. Stegh, qui a participé aux travaux.








