IRC
Pourquoi les cas d’insuffisance rénale explosent partout dans le monde ?
Selon une nouvelle étude, le nombre d'adultes atteints d'insuffisance rénale chronique a plus que doublé depuis 1990, atteignant près de 800 millions dans le monde en 2023.
- Par Diane Cacciarella
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En 2023, près de 800 millions de personnes étaient atteintes d'insuffisance rénale chronique (IRC), selon une nouvelle étude publiée dans la revue The Lancet. Les scientifiques précisent que ce chiffre a plus que doublé depuis 1990.
1,5 million de décès liés à l’IRC en 2023
L’IRC se caractérise par un dysfonctionnement des reins qui, de façon progressive et irréversible, n’assurent plus leur rôle. Chez les personnes qui ne sont pas malades, ces organes filtrent le sang et produisent l’urine. Mais en cas d’IRC, les déchets s’accumulent dans le corps ce qui nécessite, quand la capacité des reins est réduite de 85 %, un traitement par dialyse ou une greffe de rein.
Lors de leur étude, les scientifiques ont analysé les 2.230 sources de données du Global Burden of Disease (GBD), une étude épidémiologique mondiale (204 pays et territoires) menée entre 1900 et 2023 chez les adultes de 20 ans et plus. Ils en ont tiré plusieurs enseignements :
- l’IRC représentait la neuvième cause de mortalité dans le monde, avec près de 1,5 million de décès en 2023;
- tout comme le nombre de cas, le taux de mortalité a lui aussi augmenté depuis 1990, passant de 24,9 pour 100.000 à cette date, à 26,5 pour 100.000 en 2023;
- l’IRC est à la douzième place des causes d'invalidité dans le monde;
- et au septième rang des causes de mortalité cardiovasculaire, avec 12 % de tous les décès cardiovasculaires dans le monde.
“L'IRC est à la fois un facteur de risque majeur pour d’autres grands problèmes de santé et une maladie lourde en elle-même, souligne le Dr Theo Vos, l’un des principaux auteurs, dans un communiqué. Pourtant, les pouvoirs publics y prêtent beaucoup moins d’attention qu'à d'autres maladies non transmissibles, alors même que son impact augmente le plus rapidement dans les régions déjà confrontées aux plus fortes inégalités de santé.”
Les pays les plus touchés par cette maladie sont la Chine et l’Inde, avec respectivement 152 et 138 millions de personnes atteintes d’IRC. De nombreux autres pays comptent aussi beaucoup de cas. Les États-Unis, le Japon, la Russie, l’Indonésie, le Bangladesh, le Brésil, le Mexique, le Nigéria, le Pakistan, l’Iran, les Philippines, la Thaïlande, le Vietnam, et la Turquie recensent plus de 10 millions d’adultes vivant avec une IRC. À titre de comparaison, en France, en 2020, près de 92.000 personnes étaient atteintes d’insuffisance rénale chronique terminale, c’est-à-dire avec une destruction des reins supérieure à 85 %, selon le Vidal.
“L’IRC représente une crise sanitaire mondiale croissante, pourtant une grande partie de son impact est évitable, assure Lauryn Stafford, co-auteure de l’étude. Réduire le nombre de décès est essentiel pour atteindre l’objectif de l’OMS, qui vise à diminuer d’un tiers la mortalité prématurée due aux maladies non transmissibles d’ici 2030.”
Les principaux facteurs de risque sont le diabète, l’obésité et l’hypertension artérielle
Les chercheurs ne se contentent pas de dresser ce constat, ils l’expliquent. Si la prévalence de l’IRC augmente, c’est lié aux facteurs de risque, dont les principaux sont le diabète, l’obésité et l’hypertension artérielle. Ils ajoutent l’alimentation déséquilibrée - et très salée - et le vieillissement de la population aux causes de cette explosion des cas.
D’après l’étude, la plupart des patients atteints d’IRC dans le monde sont encore à un stade précoce. Les auteurs appellent donc les pouvoirs publics à agir, en améliorant le dépistage précoce de cette maladie, de l’hypertension artérielle et en promouvant davantage les bénéfices d’une alimentation saine et équilibrée.








