Sommeil

Ne dormir que 6 heures par nuit aurait les mêmes effets qu’une nuit blanche

Dormir moins de 7h par nuit n’est pas anodin. Selon le Professeur Pierre Philip, interrogé Hugo Décrypte, la dette de sommeil s’accumule et perturbe notre horloge biologique, augmentant les risques pour la santé.

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  • 07 Octobre 2025
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    Dormir, ce n’est pas perdre du temps : c’est une question de santé publique. En France, un adulte sur cinq dort moins de six heures par nuit, selon l’Assurance Maladie. Une situation intenable au long terme, car cette dette de sommeil s’accumule, avec des conséquences parfois graves pour la santé. C’est ce que rappelait récemment le Professeur Pierre Philip, chef du service universitaire du sommeil au CHU de Bordeaux, au micro du journaliste Hugo Décrypte.

    Huit heures, la durée idéale de sommeil ?

    "Dormir six heures par nuit pendant huit jours, c’est comme si vous aviez fait une nuit blanche, affirme le spécialiste du sommeil. Vous accumulez la dette de sommeil et donc vous allez augmenter une pression très importante de votre sommeil, ce qui va favoriser les accidents, mais aussi perturber votre métabolisme." Selon lui, huit heures de sommeil restent le meilleur compromis pour éviter les effets du manque de repos : perte de vigilance, troubles du métabolisme (diabète, obésité...), risques accrus d’accident mais aussi de pathologie mentale, comme la dépression.

    Longtemps considéré comme une simple conséquence du stress ou de l’anxiété, le sommeil est aujourd’hui reconnu comme un facteur déterminant de notre équilibre psychique. "On ne peut plus dire : vous dormez mal parce que vous êtes anxieux. C’est fini", affirme le Pr Philip. Des travaux récemment menés avec le CNRS ont démontré qu’une meilleure hygiène du sommeil permet de réduire les symptômes dépressifs. "C’est une vraie révolution, car on est en train de développer une médecine du comportement qui peut transformer les trajectoires de santé, notamment mentale."

    L’horloge chronobiologique, un équilibre fragile

    Des recherches, publiées dans PLOS One, montrent que dix nuits à moins de six heures de sommeil suffisent à faire chuter les performances cognitives, sans retour complet à la normale même après plusieurs nuits de récupération. Autrement dit, se coucher tard le week-end, puis tenter de se recaler le dimanche soir, déstabilise notre rythme biologique naturel. "Ça ne se rattrape pas aussi facilement qu’on le pense, prévient le chercheur. On a mené d'autres études en privation expérimentale : on privait les gens de sommeil en semaine, puis on leur laissait deux ou trois nuits de récupération le week-end... Ça ne marche pas [...] parce qu’on a besoin de ce balancier, de cette horloge chronobiologique qu’il ne faut pas maltraiter."

    Pour retrouver un sommeil réparateur, le Pr Philip conseille plutôt la régularité : dormir sept heures par nuit, sept jours sur sept, soit 49 heures hebdomadaires. Une routine stable, sans grands décalages en termes d’horaires, permettrait de limiter les troubles du sommeil et donc de préserver notre santé mentale et physique.

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