Bactéries
Toilettes publiques ou privées : lesquelles sont les plus contaminées ?
Les zones les plus à risque de contamination bactérienne sont les lavabos dans les toilettes privées, et les poignées de chasse d’eau dans les toilettes publiques, selon une étude comparative qui bouscule les idées reçues.

- Par Stanislas Deve
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- Worawuth / istock
La seule perspective de devoir utiliser des toilettes publiques en effraie plus d’un. Considérées comme des "nids à microbes", elles sont souvent évitées dans la mesure du possible, au profit des sanitaires domestiques, supposés plus propres. Mais une étude récente, publiée dans la revue Hygiene, remet en question cette croyance bien ancrée.
Toilettes privées : un foyer insoupçonné de bactéries
L’étude a comparé le niveau de contamination bactérienne dans quatre toilettes publiques (situées dans un immeuble de bureaux) et quatre toilettes privées de foyers aux Etats-Unis, en analysant des surfaces très touchées comme les poignées de chasse d'eau, les abattants, les sols et les lavabos. Résultat, contre toute attente, "les quantités de bactéries hétérotrophes et coliformes étaient 10 à 100 fois supérieures dans les toilettes domestiques", selon le rapport. Les lavabos puis les sols se sont révélés les zones les plus contaminées.
Parmi les germes identifiés dans toutes les toilettes, les chercheurs ont mis en évidence la présence d’Escherichia coli (E. coli), mais aussi de coliformes fécaux et d'autres bactéries comme Enterococcus faecalis ou Pseudomonas aeruginosa, potentiellement responsables d'infections urinaires, respiratoires ou digestives. Ces germes peuvent survivre plusieurs heures, voire plusieurs jours, sur les surfaces humides.
Concernant la bactérie E. coli, la situation peut varier : dans les WC publics, la poignée de chasse d'eau s'avère être la surface la plus contaminée, le vecteur de transmission le plus critique, tandis que dans les sanitaires domestiques, ce sont les lavabos qui concentrent le plus de germes fécaux. Cela pourrait s'expliquer par les usages : dans les foyers, les lavabos servent souvent à stocker des objets de toilette (brosse à dents...), augmentant ainsi la contamination.
Les gestes à adopter pour se protéger
Au-delà des simples présences bactériennes, l'étude a évalué les risques concrets d'infection par norovirus. Conclusion : le risque est maximal en touchant les lavabos dans les toilettes privées, et les poignées de chasse d'eau dans les toilettes publiques. "Malgré des fréquences de nettoyage souvent plus élevées, les poignées de chasse d'eau des WC publics restent fortement contaminées", alertent les auteurs.
La transmission se fait principalement par les mains, après contact avec des surfaces souillées puis le fait de porter ses doigts à la bouche. A noter que les risques sont aussi amplifiés par les microgouttelettes libérées lors des chasses d'eau : "40 à 60 % des particules rejetées atteignent l’abattant", rappellent les chercheurs.
Si les toilettes publiques suscitent la méfiance, les résultats suggèrent donc que les toilettes domestiques, souvent moins bien désinfectées, peuvent présenter un risque équivalent, voire supérieur. Un nettoyage régulier, une bonne aération et le lavage des mains restent des gestes clés pour limiter les transmissions.