Psychologie
Pourquoi peut-on se sentir coupable d'aller bien ?
Aller bien n’est pas un luxe ni une injustice, mais une ressource essentielle pour soi-même et pour ceux qui nous entourent !

- Par Dr Claire Lewandowski
- Commenting
- iStock/Prostock-Studio
Alors que les difficultés et la souffrance semblent omniprésentes, certaines personnes éprouvent un sentiment de culpabilité quand elles vont bien. Ce phénomène surprenant naît souvent d’un conflit intérieur entre son bonheur personnel et la conscience des difficultés qui nous entourent.
La joie n’est pas une faute
Le sentiment de culpabilité prend souvent racine dans l’empathie. Beaucoup de personnes se mettent sincèrement à la place des autres, au point même de minimiser leurs propres joies.
Dans certains milieux familiaux ou sociaux, exprimer son bonheur peut même être perçu comme une forme d’égoïsme ou d’indifférence. Il devient alors plus simple de taire sa joie que de risquer d’être mal compris. À long terme, cette attitude empêche d’accueillir pleinement les moments heureux qui contribuent pourtant à renforcer la résilience et la santé mentale.
Quand la culpabilité étouffe la joie
Cependant, cette culpabilité peut avoir de véritables répercussions sur le bien-être personnel. À force de brider ses émotions positives, on se prive d’un soutien essentiel à l’équilibre psychologique. S’interdire de célébrer une bonne nouvelle parce que ses amis traversent une période difficile, par exemple, risque d’accumuler stress, tension intérieure et, finalement, de faire baisser l’estime de soi.
La joie retenue peut, paradoxalement, être une vraie source d’inconfort, comme si le bien-être devait être « mérité » ou validé par les autres. Ce décalage entre ce que l’on ressent et ce que l’on exprime peut aussi créer de la distance dans les relations, en évitant certains sujets, voire même en s’isolant.
Accueillir ses émotions avec bienveillance et communication
Pour dépasser cette culpabilité, la clé réside souvent dans une approche plus nuancée. Reconnaître d’abord que son bien-être personnel n’est pas incompatible avec la compassion envers autrui peut aider à partager sa joie avec délicatesse et authenticité. Dire à un proche qu’on est heureux(se) de ce qui nous arrive, tout en sachant qu’il ou elle traverse une période difficile, peut même renforcer les liens. En restant ouvert(e) à la discussion, cela évite les malentendus tout en restant présent pour l’autre.
S’accorder le droit d’aller bien n’enlève rien à la souffrance de l’autre. Au contraire, elle peut même parfois être une source d’espoir. Cultiver une attitude positive ne signifie pas ignorer la réalité, mais reconnaître la valeur de ces moments de bonheur comme un appui pour soi et pour ceux qui nous entourent.
En savoir plus : "L'estime de soi : s'aimer pour mieux vivre avec les autres" de Christophe André et François Lelord.