Etude

Abstinence sexuelle : une cause génétique avancée

Environ 1 % des adultes n’ont jamais eu de relations sexuelles. Un phénomène lié à des facteurs sociaux, psychologiques... mais aussi génétiques, selon une vaste étude internationale.

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  • 30 Septembre 2025
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    Pourquoi certaines personnes ne font jamais l'amour ? Est-ce un choix, une fatalité ou une combinaison de facteurs ? Une étude internationale, la plus vaste jamais réalisée sur le sujet, apporte un semblant de réponse à cette question longtemps ignorée par la recherche. Si l’on projette souvent des choix personnels et des raisons d’ordre médical ou social, un autre facteur pourrait bien jouer un rôle clé dans ce phénomène d’abstinence sexuelle : la génétique.

    L'abstinence, une solitude qui pèse

    Les résultats des travaux ont été publiés dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences. En analysant les données de plus de 400.000 adultes au Royaume-Uni et 13.500 en Australie, les chercheurs ont découvert qu'environ 1 % des personnes interrogées n'avaient jamais eu de relations sexuelles. Contrairement aux idées reçues, ce groupe ne présente pas de profil homogène. On peut toutefois dire qu’il se distingue par une consommation moindre d'alcool et de tabac, un niveau d'éducation plus élevé, mais aussi par une plus grande solitude et un niveau de bonheur plus faible.

    "Pour beaucoup, les relations romantiques et sexuelles sont une source essentielle de soutien émotionnel", explique la chercheuse Laura Wesseldijk, de l’Institut Karolinska en Suède, dans un communiqué. "L’absence de ces liens est associée à un isolement accru et à une baisse du bien-être", ajoute-t-elle. Les individus sans expérience sexuelle rapportent en effet davantage de nervosité, de solitude et de mal-être général.

    Plus étonnant, l’étude a mis en évidence une influence génétique dans cette absence de vie sexuelle : environ 15 % de la variation de la virginité tardive pourrait s'expliquer par des milliers de variantes génétiques communes ayant chacun un effet minime. Plus surprenant encore, un de ces variants semble devenir de plus en plus rare depuis 12.000 ans, soulignant le lien entre comportements sexuels et évolution humaine.

    Un sujet encore tabou

    Pour les hommes, la force physique et le ratio hommes/femmes dans leur région joueraient également un rôle. L’abstinence sexuelle est aussi plus fréquente dans les zones où les inégalités de revenus sont fortes. Autant d’indices que la sexualité humaine est influencée par une constellation de facteurs très contextuels.

    "Notre étude met en lumière un phénomène encore très peu exploré : l’absence de sexualité à l’âge adulte", conclut Laura Wesseldijk. Cette recherche ouvre la voie à une nouvelle compréhension du comportement sexuel, mais aussi des enjeux de santé mentale et d'évolution humaine. Elle fournit aux professionnels de santé mentale et aux sexologues des clés pour mieux accompagner ces personnes, longtemps invisibilisées.

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