Cerveau

Implant cérébral : et si l'on pouvait lire dans nos pensées pour nous faire parler ?

Des scientifiques américains ont réussi à décoder les mots simplement pensés dans notre esprit grâce à un implant cérébral. Un progrès qui pourrait à terme redonner la parole aux personnes qui en sont privées.

  • ArtemisDiana / istock
  • 18 Aoû 2025
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    "C'est la première fois que nous parvenons à comprendre ce à quoi ressemble l'activité cérébrale lorsqu'on pense simplement à parler." Aux Etats-Unis, une équipe de chercheurs de l'Université de Stanford a réussi à décoder la parole intérieure – ces dialogues silencieux que nous avons avec nous-mêmes – avec une précision allant jusqu'à 74 %. Une avancée publiée dans la revue Cell, qui pourrait bouleverser la vie des personnes privées de la parole.

    Quand penser suffit

    Jusqu'ici, les interfaces cerveau-machine (ou BCI pour Brain-Computer Interfaces) permettaient de décoder des tentatives de parole ou des mouvements. Une technologie prometteuse, mais qui reste exigeante pour les utilisateurs souffrant de paralysies lourdes. Or, "si l'on peut simplement penser à parler au lieu de tenter de le faire, c'est potentiellement plus facile et plus rapide", explique Benyamin Meschede-Krasa, co-auteur de l'étude, dans un communiqué.

    Pour tester cette idée, l'équipe de scientifiques a implanté des microélectrodes dans le cortex moteur de quatre patients atteints de sclérose latérale amyotrophique (SLA, ou maladie de Charcot) ou victimes d'accident vasculaire cérébral (AVC) du tronc cérébral. Les volontaires devaient soit tenter de parler, soit simplement imaginer des mots. Les deux activités ont activé des zones similaires du cerveau, bien que l'intensité de la parole intérieure soit plus faible.

    Vers une communication retrouvée

    Les chercheurs ont ensuite entraîné une intelligence artificielle à décoder ces signaux faibles. Résultat : des phrases imaginées ont été identifiées avec une précision atteignant 74 %, dans un vocabulaire de 125.000 mots. Mieux encore, le système a parfois détecté des mots non demandés, comme des chiffres comptés mentalement par les participants.

    Mais pour éviter toute intrusion non désirée dans la pensée, un "mot de passe" mental a été testé. En pensant à l'expression "chitty chitty bang bang", les utilisateurs pouvaient activer le décodage. Le système a reconnu ce mot-clé avec plus de 98 % de précision.

    "Les systèmes actuels ne peuvent pas encore décoder la pensée libre sans erreurs", reconnaît Frank Willett, autre chercheur associé aux travaux. Mais l'avenir semble prometteur : "Ce travail donne un véritable espoir que les BCI permettront un jour de restaurer une communication aussi fluide et naturelle que la parole."

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    JDF