Chiens, chats
Une morsure ou griffure de votre animal peut-elle vous tuer ?
Le contact avec des chiens et des chats, même sans morsure, peut transmettre des infections graves, parfois mortelles, selon une étude menée dans 46 services de réanimation français.

- Par Stanislas Deve
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Ils sont les compagnons affectueux et fidèles de millions de Français : en 2021, on comptait 15,1 millions de chats et 7,5 millions de chiens dans les foyers. Mais leur contact peut, dans de rares cas, entraîner des infections graves, voire mortelles. C'est ce que met en lumière l'étude PETSEPSIS, menée sur dix ans dans 46 unités de soins intensifs françaises, qui s'est penchée sur les infections transmises par morsures, griffures ou simples léchages.
Des patients vulnérables, des infections violentes
Dans le cadre de ses travaux, publiés dans la revue Critical Care, l’équipe de chercheurs a recensé 174 patients admis en réanimation entre 2009 et 2019 pour des infections liées à un contact félin ou canin, à commencer par un sepsis. Les agents pathogènes en cause, présents naturellement dans la bouche ou sous les griffes des animaux domestiques, étaient principalement les bactéries Pasteurella spp. et Capnocytophaga spp., suivies de loin par Bartonella ou Francisella tularensis. Si la transmission par morsure est bien connue, l'étude révèle que près de la moitié des cas d’infections n'impliquaient aucune agression : un simple contact salivaire, comme un léchage sur une plaie, suffisait.
Les patients touchés hospitalisés étaient en majorité des hommes (58 %) âgés en moyenne de 64 ans, très souvent porteurs de comorbidités : cancer, diabète, maladies hépatiques ou immunodéficience. Près d’un patient sur deux a nécessité une ventilation mécanique, et un sur cinq une dialyse. Les cas les plus sévères ont même conduit à des amputations, notamment lors d'infections à Capnocytophaga spp..
Un taux de mortalité élevé
Parmi les 174 patients à l’étude, 32 sont morts en réanimation (18,4 %) et 42 au total pendant l’hospitalisation (24,1 %). "Ce qui n’est pas un pourcentage énorme, lorsqu’on compare aux nombres de décès en réanimation causés par les infections, de manière générale, affirme Juliette Quintin, médecin en réanimation au CHU de Nantes et autrice de l’étude, citée par Le Figaro. Nous recevons en réanimation beaucoup plus de patients avec une infection respiratoire, causée par Streptococcus pneumoniae par exemple."
Les principaux facteurs de risque de décès étaient l'âge avancé, le tabagisme, l'insuffisance hépatique chronique (parfois liée à la consommation d’alcool), l'insuffisance rénale et l'anémie. En revanche, ni le type de bactérie, ni le traitement antibiotique initial n'étaient liés au pronostic, précise l’étude.
Les auteurs insistent sur la rareté de ces cas mais aussi sur leur potentielle gravité. "La reconnaissance précoce d’une exposition animale chez des patients fragiles est cruciale pour améliorer le pronostic", concluent-ils. L'étude plaide donc pour une meilleure sensibilisation du corps médical aux risques zoonotiques, et pour des recherches prospectives permettant de définir les meilleures stratégies de prévention et de traitement.