Onco-sein
Cancer du sein HER2+ : une place pour les inhibiteurs de cycline ?
L’abémaciclib + fulvestrant + trastuzumab serait une option thérapeutique efficace au profil de tolérance acceptable pour des patientes avec un cancer du sein RH+/- HER2+.
- YakubovAlim/istock
L’abémaciclib est un inhibiteur CDK4/6 qui a montré son efficacité dans le cancer du sein métastatique RH+/HER2- en association avec le fulvestrant pour les patientes hormonorésistantes (essai Monarch2), en association avec une anti-aromatase pour les patientes hormonosensibles (essai Monarch3) et également en situation adjuvante avec l’essai MonarchE.
D’après des modèles précliniques, il semble exister une synergie d’action des inhibiteurs CDK4/6 et des anti-HER2, via la resensibilisation des tumeurs devenues résistantes aux anti-HER2. Se pose donc la question du bénéfice d’une association abémaciclib + anti-HER2 pour des tumeurs triples positives.
MonarchER : abémaciclib + trastuzumab ?
Il s’agit d’un essai de phase 2, ayant inclus 237 patientes présentant un cancer du sein localement avancé, RH+/- HER2+, progressif après aux moins 2 lignes d’anti-HER2 (taxol/TDM1).
L’objectif est de comparer 3 bras de traitement, bras A : abémaciclib + fulvestrant + trastuzumab, bras B : abémaciclib + trastusumab et bras C : chimiothérapie au choix de l’investigateur + trastuzumab.
Un bénéfice en survie sans progression et en survie globale :
Les premiers résultats, publiés en 2020 dans le Lancet, ont mis en évidence un bénéfice de l’association abémaciclib + fulvestrant + trastuzumab par rapport au bras chimiothérapie + trastuzumab, avec une médiane de PFS de 8,3 mois versus 5,7 mois (HR 0.673, 0.451-1.003, p=0.0253) et des taux de réponse objective de 35,4% versus 22,8% respectivement.
Les résultats de survie globale présentés à l’ESMO montrent une différence, bien que non significative, en faveur de l’abémaciclib + fulvestrant + trastuzumab par rapport au bras chimiothérapie avec un bénéfice en survie globale de 10,4 mois, médiane de 31,1 mois versus 20,7 mois respectivement (HR 0.75; 0.47–1.21, p=0.243) et de 29,2 mois pour le bras sans fulvetrant.
Le profil de tolérance de l’abémaciclib reste similaire aux données connues, avec une toxicité essentiellement digestive avec diarrhée et hématologique avec neutropénie.
Une association à privilégier pour les tumeurs luminales
Une analyse exploratoire a été réalisé pour évaluer l’effet en fonction des sous-groupes moléculaires et montre un avantage en faveur des sous-type luminaux par rapport aux tumeurs non luminales avec une PFS de 8,6 mois versus 5,4 mois et une survie globale de 31,7 mois versus 19,7 mois respectivement.
Une option thérapeutique envisageable en lignes avancées :
L’abémaciclib + fulvestrant + trastuzumab parait donc comme une option thérapeutique efficace au profil de tolérance acceptable pour des patientes présentant un cancer du sein RH+/- HER2+.
Néanmoins la place de cette association, à l’heure de nouvelles thérapies ciblées/ADC d’efficacité majeure, fait de cette association une option dans des lignes plus avancées. Il conviendra alors de sélectionner au mieux les patientes tirant un réel bénéfice de cette association (tumeurs luminales ?)








