Pédiatrie
Tumeur du cerveau chez l’enfant : pas de lien avec la contraception chez la mère
La contraception hormonale chez la mère ne semble pas pouvoir expliquer l’augmentation des tumeurs du cerveau, actuellement observée chez les enfants, et ce, quel que soit son type.
- gpointstudio/istock
Une équipe de chercheurs danois a examiné dans un registre national sur 1 185 063 enfants et leur mère, une éventuelle association entre l'utilisation de la contraception hormonale par la mère et la survenue de tumeurs du système nerveux central (SNC) chez leur enfant.
Il n’y a pas d’association statistiquement significative entre une contraception hormonale combinée chez la mère et la survenue d’une tumeur du SNC chez leur enfant : taux d'incidence = 5,0 pour 100 000 personnes-années pour les enfants nés de mères ayant utilisé une contraception hormonale 3 mois ou moins avant le début et pendant la grossesse contre 5,3 pour 100 000 personnes-années pour les enfants nés de mères n'ayant pas utilisé du tout de contraception hormonale = RR à 0,95 (IC à 95 %, 0,74-1,23). L’étude est publiée dans le JAMA.
Une étude rétrospective nationale
Les auteurs ont utilisé les données d'un registre de population du Danemark et ont inclus 1185 063 enfants nés entre 1996 et 2014 et leurs mères. Au cours de 15 335 990 personnes-années de suivi (suivi médian, 12,9 ans), 725 cas de tumeurs du SNC de l'enfant ont été diagnostiqués. Parmi les mères, 136 022 avaient utilisé récemment une contraception hormonale, 778 843 l'avaient utilisée précédemment et 270 198 ne l'avaient pas utilisée du tout.
Aucune association significative n’est observée pour les différents schémas de contraception (combiné/progestatif seul) ou la voie d'administration (orale/non orale). La seule association significative (mais sur un tout petit nombre de cas : n = 885 mères) concernerait l'utilisation récente d'injections de progestatif seul, avec moins de 5 cas de tumeurs du SNC chez les enfants de femmes ayant utilisé récemment le produit par rapport à celles qui ne l'ont jamais utilisé (HR = 6,74 [IC à 95 %, 2,15-21,15]).
Augmentation des tumeurs du cerveau chez l’enfant
L'incidence des tumeurs du SNC chez les enfants semble avoir augmenté ces dernières années, une augmentation qui ne s'explique probablement pas uniquement par les changements de recencement et l'amélioration des méthodes de diagnostic. Cependant, à ce jour, les facteurs de risque établis restent limités à quelques syndromes génétiques et aux rayonnements ionisants.
Les hormones sexuelles sont considérées comme de puissants cancérigènes humains, et il est reconnu que l'exposition à certaines hormones in utero provoque des cancers chez la progéniture exposée. À ce jour, 5 études cas-témoins ont rapporté des estimations de risque pour l'association entre l'utilisation maternelle de la contraception hormonale et le risque de tumeur du SNC chez l'enfant.
Pas d’influence réelle de la contraception hormonale
Dans un éditorial associé à l’étude, les experts relativisent cette augmentation observée des tumeurs avec les injections de progestatifs de synthèse car elle s’exprime sur un tout petit nombre de cas. Si un effet intra-utérin n’est théoriquement pas impossible, en particulier avec un progestatif, la réalité se heurte à la demi-vie courte de ces dérivés. Il est peu probable que le progestatif administré comme contraceptif persiste suffisamment longtemps pendant la grossesse pour affecter la neurogenèse.
En pratique, ils concluent que la plupart des contraceptifs hormonaux utilisés par la grande majorité des femmes ne sont pas associés à des tumeurs du SNC chez leurs enfants. Les femmes peuvent donc être rassurées quant à l'utilisation de la contraception hormonale, y compris les injections de progestatif seul, et à l'absence de risque accru de tumeurs du cerveau chez leur progéniture.








