Infectiologie
Paludisme : vers un blocage de la division des parasites les plus dangereux
Des scientifiques britanniques ont montré le rôle clé des kinases dépendantes de la cycline (CDK) dans la division des parasites. Une découverte prometteuse pour le traitement des paludismes les plus dangereux.
- ROBERT F. BUKATY/AP/SIPA
Même si plusieurs études ont montré que le paludisme a connu un net recul de mortalité depuis le début siècle, la maladie fait encore de nombreuses victimes. Le traitement le plus efficace à ce jour est l’ivermectine, ce qui a récemment valu à Youyou Tu, le chercheur qui a découvert cette molécule, le prix Nobel de médecine 2015. Mais les autorités sanitaires se disent inquietes, car elles constatent de plus en plus de résistances aux traitements actuels.
La cycline joue un rôle majeur
Une étude, publiée dans la revue Plos Pathogens, ouvre de nouvelles perspectives, en s’intéressant au développement des parasites de la famille des plasmodium, responsables du paludisme. L’équipe, menée par le Pr Rita Tewari et le Dr Magali Roques, de l’université de Nottingham, a infecté des rats avec une espèce particulière de plasmodium, pour mieux observer les différentes phases du développement du parasite. Les scientifiques ont ainsi mis en évidence le rôle majeur d’une protéine, la cycline, dont l’implication était déjà bien connue dans la division cellulaire humaine, mais qui n’avait jamais été étudiée chez le parasite. Trois types de cyclines ont été découvertes chez le plasmodium du rat, dont une dénommée CYC3.
Bloquer la division des parasites
En supprimant le gène codant pour la cycline CYC3, les chercheurs montrent que le mécanisme de la division des parasites devient dysfonctionnelle. Des recherches complémentaires sont prévues pour mieux comprendre ce phénomène, son incidence sur la survie du plasmodium, et sur la manière dont ces connaissances peuvent être appliquées aux Plasmodium falciparum et P. vivax, les plus dangereux pour l'homme.
« Cette première étude sur la cycline, et son rôle dans le développement du plasmodium au sein des moustiques devraient permettre de mieux comprendre son fonctionnement cellulaire, pour en finir avec la maladie » espère Magalie Roques. Selon elle, il sera bientôt possible d’envisager de nouveaux traitements, spécifiquement dirigés contre cette protéine.








