Gastro-entérologie
Gastrite à éosinophiles : résultats prometteurs d’une thérapie ciblée
Un anticorps anti Siglec-8 soulage et améliore les lésions des patients souffrant de gastrite ou de duodénite à éosinophiles. Un mode d’action qui passerait par la réduction de l’éosinophilie et l’inhibition de l’activité des mastocytes.
- Natali_Mis/istock
Maladies peu fréquentes, mais dont la prévalence est probablement sous-estimée, la gastrite et la duodénite à éosinophiles se caractérisent par une inflammation chronique, secondaire à une infiltration de la muqueuse par des éosinophiles.
Elles se traduisent cliniquement par toute une variété de symptômes digestifs : douleurs abdominales, ballonnements, satiété précoce, diarrhée, nausées ou vomissements, qui altèrent la qualité de vie. Il n’existe à ce jour aucun traitement spécifique, et la prise en charge se fonde principalement sur des mesures diététiques et le recours à des stéroïdes topiques.
Un anticorps déjà évalué dans l’urticaire
D’où l’intérêt suscité par des traitements biologiques capables de réduire l’infiltration éosinophilique et d’inhiber l’activation des mastocytes. C’est le cas de l’AK002 ou lirentenimab, un anticorps ciblant le récepteur Siglec 8 (sialic acid-binding immunoglobulin-like lectin 8), qui a déjà donné des résultats intéressants dans des essais cliniques menés en ouvert dans l’urticaire.
Après validation du concept sur un modèle murin, un essai multicentrique de phase II a inclus 65 patients ayant une gastrite et/ou une duodénite à éosinophiles, qui ont été randomisés pour recevoir l’anti-Siglec 8 (43 patients) ou un placebo (22 patients).
Ses résultats, publiés dans le NEJM, apportent un espoir dans cette pathologie orpheline. Les auteurs rapportent en effet, après un suivi de près de 3 mois, une réduction significative de 86% du compte d’éosinophiles (critère principal d’évaluation) chez les patients sous traitement actif versus 9% dans le bras placebo (p< 0,001).
Les taux de réponse au traitement, définie par une réduction de plus de 30% du score symptomatique et de plus de 75% du compte d’éosinophiles, sont respectivement de 63% vs 5% (p<0,001). Les scores cliniques ont été réduits en moyenne de 48% vs 22% (p = 0,004).
Bonne tolérance à court terme
La tolérance du traitement a été comparable dans les deux bras de traitement, exception faite d’une plus grande fréquence de réactions, à type de flush, nausées ou vertiges, lors de l’administration (perfusion intraveineuse) du traitement AK002 en perfusion dans le bras (60% vs 23% avec le placebo). Des données rassurantes mais qui ne présagent pas des effets indésirables potentiels à long terme de la déplétion en éosinophiles, précisent les auteurs.
Ces premiers résultats sont prometteurs et une étude de phase III est en cours, sur une population de patients comparables (adultes ayant une gastrite ou une duodénite à éosinophiles). Cet anticorps est également évalué dans un essai de phase II/III dans l’œsophagite à éosinophiles.








