Hépato-gastroentérologie

COVID-19 : les signes digestifs seraient associés à une évolution plus sévère

Une revue de la littérature souligne la fréquence des symptômes digestifs, et des anomalies biologiques fonctionnelles hépatiques, chez les adultes comme chez les enfants.  Ces troubles sont plus fréquents chez les patients ayant une maladie sévère.

  • Dr_Microbe/istock
  • 14 Mai 2020
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    Selon une analyse de 35 études, majoritairement chinoises, ayant inclus un total de 6686 patients, publiée dans le Lancet Gastroenterology et hepatology, 15% des patients infectés par le SARS-Cov-2 ont des signes digestifs, dominés par la perte d’appétit (21%), la diarrhée (9%) et les nausées et vomissements (7%), et 19% des anomalies du bilan hépatique : augmentation des ASAT (21%) et ALAT (18%) ainsi que de la bilirubine totale (6%).

    10% de symptômes digestifs isolés

    Dans 10% des cas, les patients n’avaient que des signes digestifs lors de la présentation initiale, sans aucune symptomatologie respiratoire, situation généralement associée à un retard au diagnostic.   

    La proportion de patients ayant une maladie sévère ou critique serait nettement plus élevée parmi ceux ayant des signes digestifs que chez ceux indemnes de ce type de symptômes (OR 3,97, IC 1,49-10,62, p = 0,006). Notamment, en cas de symptomatologie digestive, le risque de syndrome de détresse respiratoire aiguë serait nettement augmenté (OR 2,96, IC 1,17-7,48, p=0,020).

    Toutefois, la présence de signes digestifs n’aurait pas d’impact sur la durée d’hospitalisation ni sur la mortalité.

    Des observations comparables chez les enfants

    Les analyses en sous-groupes ne retrouvent pas de différence entre la population adulte (n= 6420) et la population pédiatrique (n= 240) pour les symptômes gastro-intestinaux (diarrhée, nausées et vomissements), ou les atteintes hépatiques, même si les enfants ont moins fréquemment une élévation du taux d’ALAT.  

    Ce travail souligne par ailleurs que le risque d’évolution sévère de la COVID-19 n’est pas augmenté chez les sujets ayant une maladie digestive ou hépatique antérieure (4% de la cohorte totale, majoritairement, insuffisance hépatique, cirrhose et ulcère gastroduodénal).

    Plusieurs hypothèses physiopathologiques

    Les mécanismes à l’origine de ces troubles ne sont pas connus. Des données récentes suggèrent que l’appareil digestif et le foie, qui expriment les récepteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine de type 2 (ACE2) pourraient aussi être des cibles du SARS-Cov-2.

    A côté du d’un possible effet direct du virus sur les cellules hépatiques, l’inflammation systémique et les effets secondaires des traitements utilisés dans l’infection COVID-19 sont d’autres hypothèses avancées pour expliquer  les anomalies du bilan hépatique.  

    PCR positives plus longtemps dans les selles

    Les tests de recherche de l’ARN viral dans les selles sont positifs dans plus de la moitié des cas (54%), et qu’ils peuvent rester positifs jusqu’à 5 semaines après la négativation des prélèvements naso-pharyngés. Les implications cliniques de cette excrétion virale prolongée dans les selles ne sont pas encore clairement établies.  

    Mais la mise en évidence d’ARN viral dans les selles des patients pose la question d’une possible transmission oro-fécale, qui constituerait un défi majeur en termes de contrôle et de prévention de la maladie, estiment les auteurs.

    En cas de SDRA

    Une autre étude publiée dans Gut, sur 95 patients ayant un SDRA lié au SARS-Cov-2, retrouve une prévalence comparable des signes digestifs à l’admission, qui concernaient 11,6% des patients. Par contre ces troubles sont beaucoup plus fréquents au cours de l’évolution, touchant la moitié des patients.   

    La PCR sur les prélèvements fécaux est positive chez 52,4% des patients avec signes digestifs et 39,1% chez ceux indemnes de ces symptômes. Une des 6 explorations endoscopiques réalisées a mis en évidence des érosions œsophagiennes à l’origine d’un saignement extériorisé.  

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