Cardiologie
Insuffisance coronaire stable : bénéfice très modeste de la revascularisation
Face à une insuffisance coronaire stable, la revascularisation par chirurgie ou angioplastie n'apporte qu'un bénéfice marginal par rapport au traitement médicamenteux seul : une réduction isolée des angors résiduels. C'est ce que révèle l'étude ISCHEMIA présentée au congrès annuel de l'American Heart Association.
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Afin de déterminer la meilleure manière de traiter les patients à haut risque (ischémie lors d'un examen fonctionnel) souffrant d'insuffisance coronaire stable, des chercheurs ont randomisés 5 179 personnes atteintes d'une ischémie coronaire stable, sévère ou modérée. Si la totalité des participants a reçu le traitement médicamenteux de référence bien ajusté, une moitié a également fait l'objet d'une procédure de revascularisation, soit par pontage, soit par angioplastie.
Résultat : l'étude ISCHEMIA, présentée lors du congrès annuel de l'American Heart Association, montre que les patients ont les mêmes chances de survie, qu'ils aient pris des médicaments ou qu'ils aient été revascularisés. Le seul bénéfice observé avec la revascularisation est une réduction des angors résiduels, ce qui améliore la qualité de vie. Il ya eu moins de réhospitalisations pour angor ou insuffisane cardiaque. Par contre, il n'y a pas eu de bénéfice sur la fonction rénale dans l'étude ISCHEMIA-CKD. Tout ceci démontrant, 12 ans après COURAGE, le bénéfice du traitement médical ajusté et le faible apport de la revascularisation.
“Il n'y a absolument aucun risque à essayer les médicaments”
“Si vous allez dans les centres médicaux importants qui pratiquent ces procédures, en réalité, vous ne parlez à personne, et on vous dit qu'après un examen de stress anormal, il faut se dépêcher de programmer une angioplastie coronaire en raison d'un risque imminent d'infarctus ou de mort subite”, a estimé Judith Hochman, vice-
Pourtant, selon la scientifique, cette étude montre “qu'il n'y a absolument aucun risque à se traiter seulement par les médicaments”. “Nous voulons que les patients comprennent que c'est normal de réfléchir et qu'il n'y a pas d'urgence à subir une revascularisation”, a ajouté David Maron, un des scientifiques chargé de l'étude, et le directeur du département de cardiologie préventive à l'université de Stanford. Son collègue, le cardiologue John Spertus, également membre de l'équipe de recherche, a pour sa part insisté sur la lente évolution des pratiques.
“C'est incroyablement important d'améliorer les résultats pour les patients à un moindre coût”
“Les médecins ont des croyances émotionnelles très fortes et ils exercent d'une manière qui envoie ces patients directement au laboratoire de cathétérisme cardiaque depuis des générations, et cela ne va pas changer du jour au lendemain, a assuré John Spertus. À cette époque où l'on essaye d'améliorer la valeur des soins de santé ainsi, je trouve que c'est incroyablement important d'améliorer les résultats pour les patients à un moindre coût.”
Ci-dessous l'interview du Docteur Michel Zietouni au congrès Américain de cardiologie (AHA)








